OASIS – Definitely Maybe

1994 est une grosse année pour la musique. La FM change de couleur, en France comme ailleurs et on ne compte plus les albums de génie qui sortent cette année-là, tous styles confondus, alors qu’aux Etats-Unis, Kurt Cobain, l’étoile des nineties s’éteint prématurément. Pourtant c’est de notre côté de l’Atlantique que la légende va s’écrire. A Manchester pour être précis. Quelques années auparavant, Liam Gallagher a formé avec ses potes un groupe qui s’appelle the Rain. Liam propose à son frère Noël de faire partie du groupe. Ce dernier, à peine mégalo accepte à la seule condition qu’il soit le seul compositeur du groupe. C’est dealé. Ils s’appelleront désormais Oasis et vont sortir leur premier album en été 94 sur le label légendaire de l’écossais Allan Mc Gee : Creation (Ride, Jesus & Mary Chain, My bloody valentine, Primal scream). Oasis s’inscrivent ainsi dans l’histoire de la baggy pop de Manchester, une imagerie oscillant entre came, hools et parkas.

En studio c’est le bordel, le cash est dépensé par tonnes pour des jours et des jours de studio inutiles tant Noel est improductif, pas spontané et refuse de déléguer. Sa mégalomanie (déjà) risque de faire tout capoter. Heureusement, on a la bonne idée de refourguer les pistes à Owen Morris qui fabrique alors le son d’Oasis en essayant de « nettoyer » les pistes de guitare de Noel ultra blindées de distorsion. En effet, le « less is more » n’est pas exactement la philosophie d’Oasis. Le style de mix de Morris en forme de compression ultra fat sera baptisé le « brick walling » et marquera l’identité sonore d’Oasis : un putain de son de stade, maximaliste.

L’album s’appelle Definitely maybe. Les chansons de Noel Gallagher sont lourdement influencées par les Beatles, période Revolver / Sergent Pepper ; les guitares sont chaudes, glam et épaisses comme celles de T Rex. La touch ultime c’est la voix du petit frère. Liam impose tout au long de l’album son timbre de connard, le menton arrogant et la parka immobile, comme le gros doigt d’honneur d’un petit hooligan de cité face au monde. On pense à Ian Brown et à Bobby Gillespie pour l’insolence et la grâce mêlées, aux Inspiral Carpets et aux Lightning Seeds pour les chansons pluvieuses de ce nord impregné par la lumière des 60s et noyé dans l’ennui. Oasis, comme chacun sait seront opposés par la presse musicale à la jumeaux du sud, les sages Blur. Bad boys contre gendres idéaux, working class contre classe moyenne, ville contre campagne. Oasis c’est l’individualisme fuck off d’une bande de lads, c’est le rock ou le foot ou les deux puisqu’il n’y a que ça qui compte. Enfin City. Pas Man U.

Noel Gallagher lui-même a dit que cet album était le meilleur, qu’il aurait pu s’arrêter là. Le morceau qui ouvre l’album est peut-être même le meilleur de toute leur carrière. Liam y chante en deux phrases le kiff ultime d’être sur scène et d’être le patron, d’être une Rock’n roll star.

« You’re not down with who I am /Look at you now you’re all in my hands tonight”

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