DEAD RABBITS – Everything is a lie

Ces 4 Anglais nous viennent de Southampton, et nous distillent un….hop hop hop j’arrête tout de suite cette chronique, elle part trop professionnelle.

Je reprends : Les Dead Rabbits de Southampton, Sud de l’Angleterre pour les nuls en géographie Britannique en sont à leur 3ème album, toujours sur le label Londonien FUZZ CLUB (qui a signé des gens comme Anton Newcombe, Goat, Alan Vega, The Black Angels, Dead Skeletons, A Place to Bury Strangers ou encore The Underground Youth, ou récemment My Invisible Friend qui sont les meilleurs dans ce genre d’exercice Shoegaze actuel).

Comme le nom du groupe peut éventuellement l’indiquer, les Dead Rabbits ne sont pas du tout là pour se marrer, oooh que non ! « Everything is a lie » est un enchaînement de nappes de riffs jouées sous Prozac, et une voix aérienne noyée dans ce bruit agréablement savoureux, et ces tempos lourds, très lourds et très lents aussi. C’est ça les Dead Rabbits ! Lors de leur précédent ep, Self-Destruct, ils s’étaient déjà efforcés d’enfoncer le clou un peu plus loin dans les plaies ouvertes de nos tympans.

Sorte de rejeton illégitime et démoniaque issu de l’union entre BRIAN JONESTOWN MASSACRE et JESUS AND MARY CHAIN, vous voyez ? Oh, et puis je pourrai dire aussi facilement que leurs voisins irlandais de MY BLOODY VALENTINE ne sont pas très loin dans les groupes que l’on pourrait citer pour situer les Dead Rabbits : de l’indie pop à fleur de peau, écorchée vive, pessimiste et noire comme un corbeau de mauvais augure. D’ailleurs, la musique des Dead Rabbits serait parfaite en fond sonore d’une messe Satanique avec sacrifices d’animaux (ou d’Humains, hein, car ils ont l’air d’être embarrassés d’en être…des humains). Ou encore ils seraient la bande son parfaite d’un film d’horreur où des Américains, enfin où une cheerleader, un Quaterback, un jeune afro-Américain, un geek, une fille à papa et une fille dépressive, se font dégommer tour à tour par un jeune homme mal dans sa peau qui a beaucoup trop lu de Lovecraft et de Edgar Allan Poe pour espérer conserver un brin de lucidité ! Album de la semaine sur Béton, qu’on se le dise, c’est l’inverse de Bruno Mars, de la pop noire sous MD qui donnent envie d’en prendre et de tuer des gens après, comme un bon vieux Black Lips !

Bon voyage !

RUSSIAN CIRCLES – Guidance

Je me lance, et non ce n’est pas l’Australie Lucette mais les States. Et plus précisément Chicago. Leur nom peut porter à confusion mais je vais donc parler du trio américain Russian Circles.

Trio Post/Rock, Post/Metal composé de Mike Sullivan à la guitare, Dave Turncrantz à la batterie et Brian Cook à la basse. Et attention, ces trois-là aiment la puissance sonore. Guidance est leur sixème album, dix ans après la sortie du premier. Russian Circles est le genre de groupe qui me fascine. Un trio, visages cachés sur scène, un début calme, planant, de la reverb, une petite mélodie qui se construit, et là à un moment ça s’énerve et c’est là que la magie opère chez moi. Je ne peux plus m’en passer, j’aime ces montées en début de morceaux qui te font presque penser que tu écoutes de la pop psyché. Mais non, le trio te ramène, direct, droit dans un post/rock au son proche du Sludge.
Ils sont équipés d’un sacré rack de pédales et vont travailler le moindre petit son. C’est précis et efficace. J’attendais depuis quelques temps ce nouvel album des Russian Circles et je suis comblé !

MEAN JEANS – Tight New Dimension

Le Punk rock à la Ramones (mais pas que) des américains de MEAN JEANS est de retour, et leur troisième album, Tight New Dimension, est album de la semaine sur Béton !

Après leurs albums Are you serious (2009) et On Mars (2012) sortis chez Dirtnap Records (Autistic Youth, Red Dons …), les Mean Jeans sont désormais chez Fat Wreck Chords (BadCop-BadCop, Against ME …), et c’est avec une tournée en première partie de NOFX qu’ils vous font découvrir cet album !

Le trio de Portland ressuscite les Ramones … mais pas seulement ! Leur album est bourré d’humour, et d’hommages poignants, comme ce titre en hommage au King of Pop : « Michael Jackson was tight », qu’ils font rimer avec « I was so sad when he died ».

Des titres concis, d’une efficacité redoutable, particulièrement ce tube :

STEVE GUNN – Eyes on the lines

Cette semaine, on met en avant un album à propos de voyage, de transition, à propos d’exploration et d’interrogation où l’on aime à se perdre. C’est la dernière sortie de Steve Gunn, « Eyes on the lines ».

L’Américain de Brooklyn Steve Gunn, c’est un peu un Ty Segall avec pas moins de 13 albums depuis 2007, notamment avec Hiss Golden Messenger ou encore Kurt Vile dont il est le guitariste. On peut le croiser également avec John Fahey, Robbe Basho ou encore Black Twig Pickers. Enfin bref, c’est pas les copains qui manquent à Steve Gunn (on voit d’ailleurs Michael Chapman dans le clip du single « Ancient Jules »), mais avec « Eyes on the lines », c’est en mode solo qu’on le retrouve pour un 7e album, le premier porté par la maison Matador Records.

Difficile de le catégoriser clairement, on est entre un folk pop, un rock folk, un peu de psyché dans tout ça et on y est presque. Il y a quelque chose de labyrinthique dans sa musique qui vous perd et vous transporte vers autre chose. Avec des motifs de guitares répétitifs et des superpositions de riffs qui produisent cet effet hypnotique qui moi me plait tant.

Steve Gunn, un artiste vraiment doué, une référence anti-ringarde de la folk, pertinente et inventive. Un vrai vrai coup de cÅ“ur pour moi. Mon album de la semaine, du mois, peut-être de l’année.

Un album hyper contemplatif à écouter encore et encore et encore et encore et …

VIOLENT HUMAN SYSTEM – Gift Of Life

Post-Punk is not dead et Violent Human System le fait bien comprendre. Je me rapelle encore rentrer cette compilation de Post-Punk d’Ork records le label de Television groupe new yorkais des années 70. Et 40 ans après ça continue. Toujours aux states mais cette fois à Seattle.

Gift of life. C’est le nom de cet album 8 titres. Et pour moi c’est un vrai cadeau effectivement. Personnellement j’ai du mal à parler de ce style qui pourtant me touche beaucoup, mais que j’écoute sans vraiment réfléchir, ça résonne direct comme une douce mélodie dans ma tête. Oui oui je parle de Post Punk.

Groupe de 4 garçons de Seattle, formé en 2014. Et pour une première galette ça frappe fort. L’énergie Punk est là, on a envie de contracter chaque muscle de son corps et de donner des coups de têtes dans le vide à chaque titre.

Le morceau d’ouverture Fully realized est le morceau idéal pour rentrer direct dans le trip des Violent Human System. C’est chiadé, le riff est efficace, puis ça part et là j’étais conquis pour la vie. Un vrai cadeau je vous dis.

Je vais pas décortiquer chaque titre, c’est un peu chiant, je vous invite plutôt à écouter ce putain d’album punk dans l’esprit et post punk dans la musique. Aucune date en France annoncée malheureusement.

Écoutez moi ça

EZ3kiel – (re)LUX

En novembre 2014, les tourangeaux de EZ3kiel revenaient en force sur le devant de la scène avec leur 10e album LUX accompagné d’un EP LUX Continuum. Depuis ils ont joué et joué et encore joué cet album en live pour le public, avec un dispositif scénique et technologique inédit qui mélange la musique, l’image et la lumière à travers le prisme de la poésie. Un nouveau genre qui n’a pas trouvé encore de nom.

Aujourd’hui LUX continue sa lancée, avec cette nouvelle sortie : re(LUX), un album de remix. Ou plutôt de réinterprétations comme EK3kiel aime à le préciser. Ce sont ici 7 artistes qui se sont réappropriés quelques temps forts de l’album de 2014, (dont Born in Valhalla, Anonymous, Zero Gravity, Antiloop et Dead in Valhalla) avec leur propre vision de la musique, sans rester trop fidèle à EK3kiel justement. Ce qui nous permet à nous auditeurs de ce disque, de redécouvrir les morceaux d’une toute nouvelle oreille.

Parmi ces artistes, des tourangeaux (évidemment) comme Chevalien, Pierre Mottron (qui avait déjà participé à l’album original) et Amesha Spenta. Se prêtent également au jeu du remix : les parisiens de I Am Un Chien !!, les Strasbourgeois de Sonic Area, Modgeist et enfin Gay Pregnant en featuring avec S. Roussel.
Un album de remix qui reste très cohérent, avec des belles re-découvertes de morceaux toujours électro.

Enfin, l’album se conclu sur une titre inédit d’EZ3kiel : « Small Things » qui nous confirme que le groupe tourangeau a encore beaucoup de choses à nous donner et que les explorations électroniques n’ont pas fini de s’arrêter.

[Disponible en vinyle limité à 500 copies, et en téléchargement gratuit sur www.icidailleurs.com]

NICOLAS MICHAUX « A la Vie, à la mort »

Bon, on sait que le revival Chanson Française chantée en Français est arrivé depuis pas mal de temps déjà, et des fois, ici à Béton, on en a un peu « gros » de recevoir des disques toujours formatés de la même manière, avec le même son, les sempiternelles même paroles traitant de sujets un peu creux. Lorsque j’ai mis le disque du Belge Nicolas Michaux dans mon pc, je me suis encore dit « allez, c’est parti pour une heure de souffrance », et là, chose inattendue et inavouable, j’ai vu la lumière au bout du couloir. Cette lumière belle comme le soleil de la Bourboule. Une espèce de lumière magique, porteuse d’espoir et qui re-donne foi en l’être humain. « A la vie, à la mort » est un disque de chansons d’amour, mais c’est pas aussi simple que cela. Cet album parle d’onanisme, de jalousie, de drague, et de désillusions.

En sous – titre, j’ai parlé de Jp Nataf (l’ex Les Innocents) ou de Daho (ex chanteur ayant dominé l’Hexagone dans les 80’s) – On est en plein dedans ! J’aurai pu tout aussi bien citer également Dominique A pour la poésie dans les mots, ou de Elmer Food Beat, pour le côté cul (morceau « Un Imposteur » par exemple), mais avec ce côté dandy que ne renierait pas Dany Brillant, autre représentant de cette classe romantique!

En tout cas, c’est une chouette et heureuse surprise qui nous vient du pays des Diables Rouges, le plat Pays chanté par Brel, patrie avec un vivier de chansonniers géniaux et très mignons – Nicolas Michaux deviendra à coup sûr un prophète en son pays, et en plus il porte des Tshirts avec des ours et des fontaines dessus, alors rien que pour ça, il mérite amplement sa place dans la grande liste des albums de la semaine sur Béton !

A-WA – Habib Galbi

Un beat addictif de hip-hop, un chant de sirène ensorcelant entre arabe, folk et électro, c’est le mélange que nous proposent les trois sÅ“urs de A-WA (prononcé « aïwa ») ! Tair, Liron et Tagel, entre 26 et 32 ans : robes colorées dans un style traditionnel, cheveux longs bruns et sneakers aux pieds. Elles aiment à mélanger le traditionnel et le contemporain sur scène comme dans leur musique. Originaires d’un petit village au sud d’Israël, Shaharuth, avec des racines yéménites, elles baignent depuis toujours dans la musique (chants traditionnels yéménites et grecs, pop sixties et classique occidental) et ce dialecte arabe, le yéménite.

Après leur étude respectives, les trois sÅ“urs désormais installées à Tel-Aviv se retrouvent et décident de faire ce qui les rend heureuses, chanter ensemble ! Avec le nom de scène le plus positif qui soit : A-WA qui signifie « oui » en argot arabe. Parce que oui, leur musique est hyper positive et nous procure une grande joie. On est obligé de danser avec elles sur cet album.
Si vous les avez vues lors de leur passage au Temps Machine récemment, vous savez de quoi je parle. Pour les autres, ne manquez surtout pas leur prochain passage près de chez vous, vous ne le regretterez pas.

Une invitation au voyage forcément, une envie de liberté, mise à jour grâce à Tomer Yosef (leader de Balkan Beat Box) qui accepte de collaborer avec elles et qui les pousse à composer en arabe yéménite et à se lâcher sur scène.

Un premier album qui rend hommage à leur racines, parfait pour les beaux jours qui arrivent, à écouter sans modération !

THE MYSTERY LIGHTS – The Mystery Lights

The Mystery Lights – The Mystery Lights
Daptone / Wick Records – 24 juin

Après avoir commencé par du raw funk, du jazz, de la soul puis du reggae, Daptone lorgne désormais vers le rock’n’roll. Pour éviter le mélange des genres, les New-Yorkais ont fondé un sous label répondant au nom de Wick. Enregistré dans la House Of Soul, ça sent le gros rock garage bien bluesy et si le site de Rolling Stones avait eu la primauté de la première écoute, on peut désormais se farcir ce petit bijou venu de la côte Est et Ouest (on y reviendra) des Etats-Unis avant tout le monde sur le 93.6 FM. Pourquoi ? Ben parce qu’ils feront l’une de leurs toutes premières dates française du côté du festival Aucard de Tours, le samedi 4 juin. Et ouais ma gueule.

Les Mystery Lights ont vu le jour dans le quartier de Brooklyn il y a peu, initié par 5 gosses originaires de Californie. La voilà, la dualité Est / Ouest, qui n’est pas l’apanage du hip-hop mais s’entens aussi dans le rock.
On retrouve le côté Ouest, avec un garage psyché revival 60’s qui n’a rien à envié à la scène de San Francisco, gardant la tête haute face aux mastodontes du genre comme Ty Segall et toute sa clique. Et en plus de ça, on y retrouve un côté blues/soul subtilement dosé (on pense à The Meters parfois), qui nous sauve d’une énième pâle copie de groupe garage psyché qui ne cesse de pulluler depuis les 5 dernières années. Et on retrouve la côte Est avec une hargne punk typique du New York de la fin des années 70 (ils n’étaient pourtant même pas nés !).

Mettez tout ça avec un sens exacerbé du tube imparable (Too Many Girls, Candlelight, Melt), et la capacité d’écrire de vraies bonnes chansons (Flowers in my hair, demons in my head, Too Tough to bear), vous tenez là l’un des jeunes groupes les plus intéressant de la scène new-yorkaise du moment. Ce premier album ne laisse peu de place au hasard quand à la destinée du groupe. Ne ratez pas les rares dates française qu’ils feront au mois de juin, au risque de vous en mordre les oreilles !

Très peu de titres sont écoutables sur les internets, alors le mieux reste encore d’être à l’affût sur votre transistor, branché sur le 93.6 FM. On vous fait découvrir l’album en toute primeur cette semaine sur Béton !

The Liminanas – Malamore

On ne sait pas trop si c’est par nostalgie d’une époque hippie que même les vieux de Béton n’ont pas connu, mais les Liminanas ont toujours eu une place de choix sur la grille d’antenne du 93.6. D’ailleurs, leur tout premier album sorti il y a 6 ans avait déjà fait l’objet d’une chronique d’album de la semaine, avec une tête de gondole leur tube entêtant Je ne suis pas très drogue.

Depuis, pas mal d’eau a coulé sous les ponts de ce groupe qui a d’abord conquit l’Amérique avant la France (et encore, la France, c’est pas encore ça). Si on retrouve comme à leurs débuts ce côté pop 60’s psychédélique à tambourin, sonorités propices au développement du LSD et textes désabusés à la Gainsbourg, on sent bien heureusement quelques nouvelles pistes dans leur musique qui avait parfois tendance à être (trop) répétitive.

Si le groupe reste à la base ce duo d’amoureux éternel à la classe folle (Lionel et Marie Liminana), ils ont abordés le thème des amours frustrés sur les 12 titres, tous quasi parfait, de cet album Malamore. 12 morceaux, parfois chantés en Français, parfois en anglais, parfois les deux, joués avec une myriade d’invités, certain récurrent car aussi sur la route avec eux (Nika, Guillaume, Laurent qui apportent chacun leurs virtuosités), mais aussi des amis proches (Pascal Comelade, avec qui ils ont signé récemment un album surprenant), et Peter Hook de New Order en guise de tête d’affiche TGV. Est-ce grâce à ce nom prestigieux que, enfin, la presse Française semble s’intéresser à eux ? En tout cas, après avoir sorti leurs précédents albums très souvent sur de petits labels étrangers, Because Music vient peut être (enfin) de se rendre compte qu’on détenait là ici, au sein de nos petits bras hexagonaux, l’un des meilleurs groupes de rock Français, à la nostalgie bien pesée et paradoxalement si rafraîchissante.

Un album ode au psychédélisme, à l’anti-yéyé des 60’s, aux nostalgiques d’une classe nonchalante, un certain charme et une désinvolture à la Française qui semble s’être perdue avec la fin des rêves hippies. Et en plus, sur scène, c’est une fête colorée et rock incroyable. Merci aux Liminanas d’être la mémoire vivante d’une époque où tout semblait possible tant qu’on y croyait pas trop.