Acid Arab sort enfin son troisième album : ٣ (Trois en arabe).
Le quintet franco-algérien nous livre ici dix morceaux de la teuf, entre musique électronique et musiques arabes, du raï et du bangers, de pépites composites enrichies de nombreuses variétés de la langue arabe. Pour cet album, le groupe s’est entourés de connaissances, rencontrées au fil des années, huits chanteurs et chanteuses :
Wael Alkak, Cem Yıldız, Ghizlane Melih, Khnafer Lazhar, Sofiane Saïdi, Fella Soltana, Cheb Halim et Rachid Taha.
Gasba algérienne, transe anatolienne, dabkeh synthétique ou raï bionique… Après une décennie passée à voyager autour du monde, Acid Arab maîtrise ses cartes et se joue des territoires musicaux.
L’album s’ouvre avec Leila, morceau chanté par Sofiane Saidi, auteur et interprète d’un raï instinctif, dédié à la fête et à l’extase. Sofiane Saidi était déjà présent sur leur premier album « Musique de France », sur le morceaau La Hafla.
Puis, il y a Döne Döne, avec Cem Yıldız (multi-instrumentiste et aussi présent sur le 1er album), chantre de l’hybridation électronique en Turquie qui revisite une cérémonie d’élévation turque, un rituel mystique religieux.
La transe s’invite ensuite sur le dancefloor avec Ya Mahla, qui sonne les retrouvailles entre Acid Arab et l’artiste de dabkeh syrien post-chaabi Wael Alkak qui avait d’ailleurs été pressenti en 2014 pour devenir le claviériste du groupe. Un texte au message fort, servi avec un lead de clavier hypnotique sur une production linéaire.
Cheb Halim, chanteur de raï, est le quatrième invité. Il incarne le “aroubi”, genre musical profondément ancré dans la ruralité algérienne.
Puis on entend la diva marocaine Ghizlane Melih sur le titre Habaytak et Fella Soltana sur Gouloulou, anciennement connue comme Fella Ababsa, star du raï 90s en Algérie, qui a stoppé sa carrière
en 2018.
Sur Acid Chawi, avec Khnafer Lazhar, le chanteur algérien et joueur de gasba originaire de Constantine, Acid Arab affirme son goût pour les esthétiques brutes, avec une production acid house couplée à l’énergie farouche de l’ensemble emmené par Khnafer, Acid Chawi est littéralement le morceau le plus Acid Arab de l’album.
Le disque se poursuit sur d’autres retrouvailles, celles-ci virtuelles, puisque Rachid Taha est décédé en 2018. Le morceaux reprend une improvisation du chanteur, sur une morceau de Detroit, enregistré sur un smartphone. Rachid Trip donne une production technoïde tendue à souhait.
Dans le morceau Emo, c’est Kenzi Bourras (le clavier du groupe) qui prend le micro, sur une production noire et cérébrale largement influencée par la nébuleuse détroitienne de Dopplereffekt. La voix, ultra traitée, robotisée, flirte avec l’inconnu.
Enfin, le troisième album d’Acid Arab se clôt sur Sayarat 303 Part 2, une longue montée technoïde instrumentale qui offre ainsi un dénouement à Sayarat303, titre paru sur l’album Musique de France.
On ne peut que vous recommander cet album. Et à aller voir ce que ça donne en live !