BURNING HEADS – Choose your trap

(Opposite Prod/PP and M)

La chronique qui va suivre risque malheureusement de ne pas être ultra objective, mais mon travail d’animateur radio et de chroniqueur de disques me fait dire que je me dois d’être professionnel.

Choose your trap – 14ème album des dieux vivants du punk rock Français, les Burning Heads (communément appelés les Burning !) , double album même, pour fêter leur 25 balais de carrière – 25 Balais ? Ca m’évoque plein de choses. Déjà, que leur album Dive, leur 2ème, fera l’objet d’un Lundispensable puisque c’est cet album qui a transformé le death métalleux borné que j’étais en amoureux sans borne du punk rock !

Mais ça m’évoque aussi le fait que ces 4 mecs là, n’ont jamais perdu la flamme, ne se sont jamais perdus dans les méandres du business musical, n’ont jamais baissé leurs pantalons pour gagner des millions, ont toujours su respecter leurs fans et leurs idéaux. Les Burning, après toutes ces années, restent indés et engagés.

Et pour cela, ce double album est une sorte de gros pétard Mammouth qu’on achetait dans les 80’s, une sorte de grosse cerise sur le gâteau, puisque le CD 1 est l’album de punk rock, donc pour les punk rockeurs et le CD 2 est Opposite 3, donc l’album reggae/dub, pour les autres.

Le CD1 regorge de pépites telles que le tube Pop a pill, le très rapide Lie To me, ou le mid tempo très Adolescents « A true life » qui ouvre le bal – Ils savent jouer vite quand il faut jouer vite et ils savent jouer punk quand il faut être mid tempo, les Burning quoi !

Le CD2, le Opposite 3 – est tout simplement peuplé de 10 Guitare – vous savez la numéro 6 du Opposite 2, avec bien évidemment des passages dub (les morceaux Midnight Dub ou Mad Brains qui sentent les salles de concerts enfumées, et qui rappellent ces fameuses dates des Burning Heads où des skateurs avec des t-shirts Seven hate et des colliers à boules slammaient aussi sur du dub, quand d’autres buvaient des bières en pleurant en écoutant « Special Forces » (tube du 1er !!)

Les Burning Heads restent et resteront le meilleur groupe de punk rock français : souvent imités, jamais égalés ! J’en pleure rien qu’en le disant !!

Que Dieu bénisse les Burning !!! Tu parles d’une chronique objective….

Empire Of Sound – Out Of The Norm

Par un frais matin de mars, une pochette négligemment laissée sur mon bureau attire mon attention; deux jeunes dans une voiture style Cadillac avec suspensions hydraulique et capote baissée. Encadrant ce visuel pourtant simpliste, les mentions « Empire Of Sound » et « Out Of The Norm » donnent le ton.

Empire Of Sound est le projet fusion Hip-Hop / Soul concocté par le pianiste/producteur français Juke et le rappeur américain originaire de Caroline du nord et ardent défenseur du Hip-Hop Old School des 90’s, MC Mattic. Réunis par leur passion pour la soul music, les deux compères ont pour ambition ici de créer un album teinté de free-jazz, de funk, de soul et évidemment de Hip-Hop. Pour l’occasion, pas de samples mais des musiciens, au nombre de 4, issus de divers projets Soul Music, élargissant ainsi la palette sonore de cet album.

Et le résultat ? Pour ma part, j’ai pris une sacrée claque. Sans pour autant être passéiste, la galette délivrée est un hommage à une série d’artistes, de Mos Def à Roberto Fonseca en passant par People Under Stairs et bien d’autres. Et c’est à mon avis ici que se joue le tour de force de cet album, proposer une création originale, à la fois passéiste et avant-gardiste sans tomber dans le piège de la surproduction et de la repompe.

Dès la première écoute, le morceau éponyme « Out Of The Norm » paraît sortir du lot, avec ses quelques notes clin d’Å“il à GrandMaster Flash et le flow de Mc Mattic complété par Lil Swan. Mais c’est sans compter sur l’excellent « Work » et ses sonorités free Jazz à la Coltrane ou encore « Lost My Soul Into You » qui comme son nom l’indique, est un tube soul music.
En définitive, un album intelligent qui devrait vous donner envie de sortir phonographe sur l’épaule avec une casquette à l’envers et un pantalon trop bas.

NDWS #3 Spring Tape

Cette semaine à l’honneur: la dernière compilation du Label Nowadays Records, la troisième, sorti pour le printemps d’où son titre : NWDS #3 SPRING TAPE. Logique !

Les artistes : Vect, Fakear, Leska, Phazz, Yann Kesk, Hoosky, Everydayz, Maverick, Fulgeance, Hugo LX et Monk’.

Certains dont on entend déjà beaucoup parler, dont Fakear (mon petit chouchou caennais) qui après trois EP et un premier album Sauvage apparaît déjà un peu partout, et ici on écoute un titre inédit qui sortira sur son prochain album (très bientôt on espère!). On entend également un titre d’Everydayz, entre hip-hop, trap, et beat electro, tiré de son dernier album sorti il y a peu, De la pure came vol.1. De plus, non pas un, ni deux, mais bien trois titres de Hoosky (oOgo & Chomsk de La Fine Equipe) se trouvent posés là, entre électro, new beat et hiphop, du cool !

Pour ma part, je découvre sur cette compil de nouveaux artistes que j’affectionne déjà : Vect, un jeune artiste de Toulouse qui surfe sur l’électro beat et la soul et qui ouvre cette compil avec son titre Stay TGTHR, Leska composé de deux rennais : Les Gordon & Douchka, ou encore Phazz, le lyonnais du beat hip-hop jazz qui se fait connaître par ses productions sur internet.

NDWS #3 = une compilation du printemps, du beau-temps, du beat, de l’électro, du cool, des cocktails en terrasse…

Romare – Projections

Le premier souvenir que je possède au sujet du producteur, c’est l’envoûtement de son DJ-set un jour de fin d’été sur la plage de Pula au Dimensions Festival 2013. Sans en faire des tonnes, sa sélection entre Disco Salsoul(ienne) et Funk Downtempo bien moite avait touché sa cible, jusqu’au moment loin d’être anodin de passer Sunny de Boney M.

Romare est l’artiste typique qui ne peux qu’être anglais, par sa vision musicale et le fait d’ingurgiter en peu de temps toute une tradition Blues & Funk, afin de travailler le tout dans un maelström électronique. Depuis 2012, il questionne les valeurs de la culture Afro en jouant avec la Bass et la House music sur deux maxis remarquables sur Black Akre. Pas question de jouer la répétition dans son premier album, qui garde malgré tout un aspect très respectable sur le mélange malin que peux donner la musique électronique avec les racines de l’Afrique et des Etats-Unis.

Beaucoup de samples, des textures à la fois souples et d’une simplicité renversante et des clins d’oeil qui vont au racines de Alan Lomax en passant par le Jazz et la House. Alors que Moodymann renverse la tendance de la House de Detroit avec un Puzzle barré et mystique, Romare traduit sobrement l’esthétique du label Ninja Tune, qui continue à être le label le plus exigeant des cultures électroniques. Même le plus basique des morceaux Deep House bien funky est relayé par une fascination des vibrations de l’Afrique et de Detroit.Projections reste d’une grande qualité, qu’on peux mettre en parallèle avec Phantom de DJ Oil, adepte des mélanges entre le passé et le futur. Tout cela fait du bien, et reste un bonheur pour les oreilles. ROOTS & RESPECT.

WE ARE BODIES « We are Bodies »

Cet album ne sort que dans quelques semaines, mais je me dis qu’il faut savoir être impatient quelquefois, ça a du bon !

Derrière ce nom étrange qu’est WE ARE BODIES se cache un duo Anglais, Robin Foster d’un côté, et Dave Pen de l’autre. Le 1er donc, Robin Foster, membre du groupe Birdpen, joue de la folk tellement belle et triste qu’il arriverait à faire pleurer Thanos, le plus méchant des méchants de Marvel. Le second, vous le connaissez peut-être, est un membre incontesté du collectif ARCHIVE, que je ne vous ferais pas l’affront de présenter.

Les deux sont donc amis, et ont décidé de faire un album ensemble, au titre éponyme. Et quel est le résultat de cette confrontation ? Un album de Folk/new wave de toute beauté, qui est un mix entre les styles musicaux dans lesquels évoluent les deux musiciens. Un album nous entrainant dans les profondeurs des Terres Ecossaises ou Galloises, embrumées et froides, où toutes les légendes s’entremêlent, mêlant batailles épiques et adultères dangereux dans les forêts enchantées peuplées de dragons et d’elfes.

Des morceaux tels que « Pressure Compressor » , « Shadows » (très Archive) « Fake Shelter » ou le single « Capsize » feront de cet album une pierre angulaire de l’année 2015 ! (J’avais envie d’écrire « Pierre angulaire » dans cette chronique). Et en plus ça donne envie d’avoir une licorne dans son jardin !

ROPOPOROSE – Elephant Love

Il y a eu par le passé des duos qui ont tout déchiré, Modern Talking, Sonny and Cher, White stripes ou Jermaine Jackson et Pia Zadora. Alors la barre a été mise tellement haute par ces groupes sus-nommés que nous étions en droit de se demander si ROPOPOROSE allaient réussir à tenir la dragée. Damned ! Comme pourrait s’écrier un fermier du Kansas, pari fichtrement réussi !

Après les frères Sirkis, laissez moi vous présenter le frère et la soeur Bernard. Premier album sur le label Yotanka, leur univers musical oscille entre dream pop légère et cotonneuse, le morceau Empty -headed par exemple et le post punk relativement énervé, le morceau Moïra.

Oui, dream pop et punk dans la même phrase, ça peut perturber. Et bien, justement, l’écoute de Elephant Love perturbe, puisque je suis de nature méfiante concernant les groupes que l’on voit partout dans la presse spécialisée, concernant ces groupes sur lesquels tous les gens crient au génie, parce que la plupart du temps ces groupes sont survendus. Mais alors là, Nom de Zeus, je me suis pris une telle baffe que j’ai eu l’envie soudaine de me faire tatouer leur nom sur le torse, ou de les inviter à l’apéro pour écouter Taylor Swift (je sais, rien à voir, mais cherchez pas à comprendre).

C’est beau comme un bébé hippopotame portant un T-shirt Aerosmith , vous imaginez ? Les Inrocks auraient sûrement écrit « chapeau bas », et bien pour une fois, je serai d’accord avec eux ! Album du Mois !!!!


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Axel F (J.Rocc & MED) – Theme Music

Bientôt la fin de l’année, et dans les rédactions musicales, ça travaille pour donner du sens à son Top 10. Le dernier mois c’est souvent la grisaille dans les bacs, sauf pour les rééditions à foison qui représentent une économie assez efficace pour les majors. Reprendre le passé, retoucher au pire avec un système de son digital sur vinyl et au final oublier l’ampleur du son d’origine, analogique et souple. Sur ce sujet, je vous renvoie au sujet de Paul Purgas – Remastering digital et révisionnisme, disponible dans la revue Audimat n°0.

Le son est une chaleur pour les oreilles, une amplitude qui arrive à un détail qui nous balance une frappe dont on ne revient pas. C’est le thème d’origine de la musique : bien-être et émotion. Dans le Hip-Hop, cet état reste toujours présent, même si le nivellement vers le bas est souvent d’actualité. Alors, autant parfois prendre de la distance. En cette année 2014, l’attitude Thug d’un Freddie Gibbs s’est fixement perchée dans la folie de Madlib, pour un Pinata qui restera longtemps dans les têtes. Ici, chez Axel F. (J.Rocc & MED), l’idée du concept est un parallèle solide. Une façon de raconter une histoire globale, avec des références cinématographiques afro américaines, et courir vers un point, sans fracas. Donc, un duo, avec d’un côté, un des grands Digger de la clique des Beat Junkies, et de l’autre un MC maniant les mots avec précision. La production est 24 carats, avec une fraîcheur qui s’ouvre autant à l’electro (The Set, sec et minimal, qui invite Kraftwerk ; Mantronix & 50Cent) mais aussi à l’évidence des images comme propos (Screechin White Walls avec Guilty Simpson, d’une simplicité sombre assez renversante, et où le danger est partout). L’album n’est pas brouillon, malgré le fait qu’il s’ouvre à beaucoup d’idées et de feelings, mais sans en perdre le fil. Puissance mélodieuse de J.Rocc dans une écriture type d’une boite à musique (Omega avec Blue) ; sens des détails (le très soulful Scwf avec Jimetta Rose) ; Disco funk downtempo filtré avec intelligence (All Days avec Ohno). Il y a un travail fascinant dans la recherche des samples, ou les voix sont des matières utilisées comme des instruments (Day Remix).

HEAVY … I MEAN HEAVY !!!

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