Asocial Club – Toute Entrée Est Définitive

Il m’est en fait difficile d’écrire une chronique concise sur l’album de « L’Asocial Club – Toute entrée est définitive » et ce pour plusieurs raisons tout d’abord il faudrait vous faire une description de l’état du rap en 2014 et je n’en n’ai pas très envie. Ensuite il faudrait vous vanter les qualités de chacun des protagonistes qui forment ce super-projet, mais je préfère que tu ailles écouter par toi même.

Je vous fait tout de même les présentations, derrière les platines Dj Kozi et derrière les micros Casey, Vîrus, Al et Prodige. On peut noter aussi la participation de B.James (« Ghetto Music ») et celle de Rocé, initialement membre du projet, (« Creuser »). Autre membre de l’ombre de ce projet Tcho Antidote à la réalisation des clips et de l’artwork et qui a permis cette réunion d’Expendables.
Ces noms ne vous disent peut-être rien ou alors au contraire ils vous évoquent ce qui se fait de mieux aujourd’hui dans le rap en France.

L’idée de base était de faire un plateau, une scène commune mais vite l’idée d’un album sous le nom d’Asocial Club commencera à être annoncée sur les différents réseaux sociaux (début 2013).

Des asociaux qui décidaient de se réunir forcément on se doutait que le résultat serait fumant.

La galette tant attendu sortira fin juin 2014 dans les Fnac les plus averties, pour les autres on devrait voir début septembre l’album bénéficier d’une redistribution.

Après une intro concoctée par Dj Kozi on retrouve le titre « La putain d’ta mère » qui ouvre l’album. Al commence les hostilités et dès la première phrase on pourrait presque trouver l’essentiel, le résumé parfait pour définir la mentalité de cette nouvelle ligue de justiciers : « Les gens mettent tout le monde dans le même sac, j’ai honte de dire que j’rappe ». C’est ensuite au tour du cerbère le plus flippant du rap français (Casey, Al & Vîrus) de mordre à pleine dents les gorges de quelques rappeurs, pseudo-puristes ou celles des différents acteurs du milieu qui tentent de garder les commandes du hip hop en France sans en comprendre l’essentiel. (« 99% »)

5ème piste, on s’autorise un peu d’air sur un morceau plus léger, « Anticlubbing », qui vous permettra enfin de comprendre le calvaire que vous faites vivre à ce pote (moi!) qui vous dit systématiquement NON !! quand vous voulez le traîner en boîte !

S’en suit un des titres les plus massifs de l’albums : »Mes doutes ». De nouveau mené par le trio Al, Casey & Vîrus. Titre qui trouve un écho sur la dernière piste de l’album « Creuser ».

Le reste est à l’image des thèmes abordés habituellement par chacun des MC’s on pense au morceau « Chez moi » de Casey en écoutant « L’hiver est long » ou encore à son titre « Quand les banlieusards sortent » en écoutant « Je hante ma ville ».

Côté beatmaker on retrouve les habituels Héry , Laloo, Banane et Saxe.

J’ai encore plein de choses à vous dire sur cette album mais le mieux sera de vous en parler à l’antenne et de vous le faire découvrir toute la semaine, 2 fois par animation !!

LONE – Reality Testing

Une réalité gagnante à tous les coups

Chaque sortie de l’Anglais Matt Cutler est un événement, et ceci depuis 2008. Avec son deuxième album « Lemurian » il esquissait avec une certaine naïveté les contours d’un style brandissant les arpèges de Boards Of Canada avec le Hip-hop Crunchy et roulant dans la masse abstraite. La touche de l’auteur n’a jamais fait un seul dérapage sur les six albums, et chaque évolution symbolise au final une béatitude de plus en plus bluffante. En donnant toute son émotion et en ne forçant jamais le trait, Lone s’inscrit dans la tradition des artistes les plus singuliers du paysage électronique anglais, avec Burial & Mount Kimbie. Et tout porte à croire qu’avec son dernier album, il restera dans les mémoires pour un bon bout de temps.

En effet, « Reality Testing » épure le résultat de plus de sept ans de productions, en jouant avec les gimmicks synthétiques qui sont sa marque de fabrique, jusqu’au passage assez inédit des textures Jazz & Bebop. Avec une construction qui prend son sens et qui ne sonne jamais le glas de la répétition, il apporte une fraîcheur supplémentaire et une chaleur dans les sons qui donne un feeling vraiment excitant sur chaque morceau. La façon dont il joue du clavier sur le sublime instrumentale Hip-hop « 2 Is 8 » ou la Detroit-House très Funky « Begin To Begin » le range dans la catégorie des musiciens de Jazz qui donnent du relief, Herbie Hancock en premier. Le plus mélancolique « Jaded » avec sa mélodie en forme de boite à musique s’impose comme un morceau de Downtempo classieux, symbolisé par un coucher du soleil. Quand le uptempo s’opère, « Vengeance Video » se laisse hypnotiser par son clavier purement House, son charley Jazz et sa progression qui Bounce à chaque seconde, et « Restless City » avance tranquillement sur une base Jazz hyper efficace. Le tempo balance de chaque côté, les claps partent en sucette jusqu’au moment ou un synthé Funk donne le Groove parfait pour donner de la saveur au morceau. Impossible d’oublier un morceau ici, tant ils sont cohérents et forment un tout. On pense surtout aux incroyables « Aurora Northern Quarter » et « Airglow Fires » à la construction alambiquée, mais qui synthétisent le son de Matt Cutler. Sur le Dancefloor, le dernier arrive de nulle part à la première écoute, et restera comme un classique de notre époque.

Album parfait pour faire découvrir la musique électronique à ceux et celles qui rechignent , tant il propose avec une accessibilité déconcertante ce qu’on attend d’un album musical, dans le sens noble du terme.

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STEEL PANTHER – All You can eat

(2014 – Open E Entertainment)

Nous n’avons jamais de hardrock en album de la semaine. Ceci est une hérésie je vous l’accorde, mais il y a une explication à cette constante absence : le hardrock est pour beaucoup une musique ringarde jouée par des gens ringards qui s’habillent comme des ringards. Mais lorsque l’on écoute n’importe quel morceau des Californiens de STEEL PANTHER, on ne peut s’empêcher de crier au génie !!!

Années 80-90 : Le hard rock et le glam sont en plein boum. Des groupes comme MÖTLEY CRÜE, DEF LEPPARD, POISON, SKID ROW ou encore CINDERELLA remplissent des stades, et par la même occasion détruisent des chambres d’hôtels et ont des relations sulfureuses dans les loges avec des fans, parce que tel est l’esprit, parce que tel est le but …

L’abus de drogues et d’alcools en tout genre a toujours été l’une des marque de fabrique de ce style musical qui a remis au goût du jour la célèbre maxime de Ian Dury « Sex, drugs and rock n ‘roll ». Les Californiens en moule-burnes léopard de STEEL PANTHER ne dérogent pas à la règle et le font à fond les ballons !!!

Ne cherchez pas de politique ici, il n’y en a point ! Les sujets sont relativement au ras des pâquerettes, cela ne parle que de filles (à moitié à poil bien évidemment « GLORYHOLE », de fiestas infernales à base de 1 000 000 de bières et de 3 tonnes de Marijuana « PARTY LIKE TOMORROW IS THE END OF THE WORLD », ou de billets verts « IF I WAS THE KING »

Alors, ceux qui étaient nostalgiques de tous ces groupes cités dans cette chronique, et bien c’est chose faite : la relève est assurée !

TRUST – Joyland

Oh un retour de Trust, on va pouvoir chanter de nouveau antisocial ? Mais non malheureux ce groupe n’a rien à voir avec Bernard Bonvoisin. Trust est un artiste made in Toronto. Après un premier album « TRST » acclamé par la critique de Pitchfork ou encore de Vice, Trust revient avec un nouvel opus intitulé « Joyland ».

A la première écoute, on a envie de sortir notre jogging violet, vert et jaune (tu n’as pas de jogging avec ces couleurs ?) Parce que oui il faut se mettre dans une ambiance très 80’s pour écouter cet album. On y retrouve plein d’énergies Dark et cold wave. C’est incroyable ça ressemble énormément à Austra, ce groupe d’électro pop new wave de Toronto … ah d’accord ! Sur le premier album, TRUST était un duo, composé de Robert Alfons et de Maya Postepski, percussionniste dans le groupe Austra. Aujourd’hui Robert est seul mais Maya semble avoir laissé sa marque. C’est envoutant, sombre et à la fois plein de soleil, ok ? Les tubes qui vont faire danser tous les hipsters de France sont Capitol, Joyland et Are we arc ? Ce sont ces 3 chansons qui m’ont amené à choisir cet album comme album de la semaine, non pas que je me revendique appartenir à un mouvement de fan de sweat-shirts achetés à Emmaüs, mais en l’écoutant c’est l’esprit qui en ressort, donc pourquoi pas ? Je vous avoue que je connais très peu le monde de l’electro, plutôt fan de post-punk, après plusieurs écoute j’y ai retrouvé l’esprit dark des synthés et de la voix des années 80. Petit bémol, TRUST jouera le 27 juin au stade de France en première partie d’INDOCHINE, je ne suis pas sûr que les fans du troisième sexe soient réellement la cible, on demandera à la lune ? Tu pourras toujours jouer l’aventurier et le découvrir tout le mois de juin dans des salles vraiment cool comme l’IBOAT à Bordeaux, le Nouveau Casino à Paris, ou encore le Saint des Seins à Toulouse. BIM !

FUNKEN – Michel

Un album très honnête afin de mieux crier : MICHEL !!!

Il y avait un slogan durant les années Giscard qui disait : “En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées”. Artistiquement parlant, à Tours, ça avance doucement, par périodes, mais bon … loin de dire qu’il y a UNE grosse scène, mais en ce qui concerne les micro-scènes par contre, la ville tient la route. Des groupes, il y en a beaucoup, mais aujourd’hui gros plan sur le nouvel album de Funken, qui apporte un bain de fraîcheur idéal pour ce printemps.

Michel, c’est une affaire collective. C’est toi, c’est moi, c’est eux et aussi tout les peeps de la côte Appey Road (aka Label Beauté), studio old-School basé dans le centre de Tours. Dans cet endroit, Funken s’est amusé comme un enfant avec des musiciens comme le duo Pneu ; Boogers ; Piano Chat ; Les Chorales de la Bamboule … On imagine les moments à réfléchir sur les séquences et les textures des morceaux du genre : Hey Michel, tu peux venir jouer du steelpan, j’ai une idée plaisante, genre un morceau coupé de la ville, qui s’appelle Forest !!! Bon, c’est imagé ce que je vous raconte, mais, en tout cas, l’esprit qui se dégage de cet l’album est d’une belle liberté créative. Moins expérimental que Gablé, Funken joue sur des variations autant pop que folk, mais avec des traitements lo-li et rock électronique qui accentuent le côté ludique. Les refrains accrochent rapidement (Two More , M.I.C.H.E.L) tout en étant naïfs. Le morceau Guitar commence folk et prend fin comme un conte un peu destroy, tandis que Radioactive Eskimo se forme avec des sons qui font penser aux jeux Ordi Baby.

En tout cas, la thématique est clairement ouverte vers la campagne et les forêts à perte de vue. La pochette le prouve, l’esprit est sincère et le cerveau de Funken est un melting-pot de ses influences, qui ne se perd pas dans le caniveau. Merci Michel !!!

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THE BRIAN JONESTOWN MASSACRE « Revelation »

Le massacre de Jonestown, massacre terriblement célèbre où 908 adeptes de la secte menée par le pasteur illuminé, Jim Jones, se suicidèrent au cyanure, en 78. Ce drame a donné naissance à un des groupes les plus géniaux de ces dernières années, les Californiens de BRIAN JONESTOWN MASSACRE. Groupe aperçu dans le film documentaire Dig ! aux côtés de leurs frères ennemis, les Dandy Warhols.

THE BRIAN JONESTOWN MASSACRE, c’est MY BLOODY VALENTINE avec des pattes d’Eph. C’est JEFFERSON AIRPLANE qui aurait copulé avec JESUS AND MARY CHAIN, c’est GRATEFUL DEAD qui aurait mangé THE WHO… vous voyez ? C’est psyché à mort, hyper 70’s, totalement chéper sous acide et super babos.

Le leader charismatique et bipolaire, Anton Newcombe, connu des services de police pour ses nombreuses arrestations lors des concerts ou de bastons dans des bars suite à de grosses murges, continue à écrire des morceaux tellement beaux qu’ils cotoient le Divin, le Céleste, de « Väd Hände Med dem ? » qui ouvre ce 14ème album, ou le fantastique « Memory Camp » ou le très très psyché « Food for Clouds », cet album regorge de perles rares, de morceaux de bravoure écrits en pleine montée de prozac ou en pleine redescente de blondes pas chères, et vous savez quoi ? Vous les verrez à Aucard, et le moment que vous allez vivre sera aussi beau que le moment vécu par les spectateurs défoncés à Woodstock lors du « See me, feel me, touch me » des WHO, c’est 100% garanti !!

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GUSH – « Mira »

Le quatuor parisien revient enfin, quatre ans après leur premier carton « Everybody’s God », qui avait quand même été nommé 3 fois aux victoires de la musique en 2011.
Avec ce deuxième album donc, « Mira », les deux frangins et les deux cousins (si si la famille quoi) changent de ton et se tournent vers quelque chose de beaucoup plus électro, pop et complètement funky, avec de jolis claviers style 80’s.
Dans ce disque on retrouvera bien sûr des refrains et des choeurs qui font vibrer là où il faut.
Gush réussit même à se faire un propre clin d’oeil en intitulant son titre de clôture « Everybody’s God » (nom du 1er album si vous suivez bien). Et on trouve même pas ça égocentrique !

Plus besoin d’écouter le single « Sibling » en boucle, mets tout simplement l’intégralité de l’album en repeat dans ton baladeur cd en allant pique-niquer au Lac ! Si tu veux emballer, ton titre préféré sera « Broke My Heart ».
Mes titres ? « Siblings » of course, en compétition avec « Dirty Attitude » ! A vous de juger le reste !