ASIAN DUB FOUNDATION – Enemy of the enemy

Aujourd’hui, je vous parle d’Asian Dub Foundation. Groupé anglais formé en 93, qui émerge dans un climat de violence antistatique au Royaume-Uni. Alors qu’il n’y en a que pour le trip-hop à cette époque en Angleterre, la France leur ouvre les bras et les critiques sont unanimes. Leur influences vont du punk à la musique ambiante des chansons folkloriques bengali et on les applaudit autant pour leur musique que pour leur prises de positions politiques.

Mais venons en à l’album dont il est question aujourd’hui : le 7e est pour moi un des meilleurs, sorti en 2003 : Enemy of the Enemy.

Dans un grand bol mettez : des paroles politisées, du hip-hop mélangé avec du hard rock, du ragga, du trip-hop et de la drum’n’bass. Mixez le tout avec un peu d’épices traditionnelles indiennes et vous obtenez cet album d’Asian Dub Foundation. Ça groove et ça nous donne la rage, à grands coups de percussions et de riffs énervés.

Le titre d’ouverture, Fortress Europe montre la rage des Asian Dub Foundation et nous plonge direct l’ambiance du disque. Un mélange mystique d’air asiatique sur-vitaminé, une incantation hip-hop, un rythme jungle, des sonorités électro futuristes et un chant rapé polyphonique qui devient de plus en plus frénétique avec des gros rifts de guitare électrique et des parenthèses ragga.

Puis vient Rise To The Challenge qui poursuit notre trance par des sons de tam-tam, avec le même mélange que Fortress Europe à la différence d’influences plus africaines qu’asiatiques. Mais encore là on retrouve notre hip-hop, le rock avec la guitare électrique et le thème de fond en jungle électro.

Mais on a aussi des morceaux très drum’n’bass comme Blowback, des morceaux très ragga avec Power to the smala massive ou 2 Face des morceaux funky avec Basta ou Cyberabad qui utilise une base funky couplée de plusieurs voix féminines et des sons toujours orientaux.

Sur 1000 Mirrors, on se perd dans les modèles que l’on avait établi avec les premiers morceaux. Ici l’irlandaise Sinead O’Connor aussi bien connue pour ses fortes positions politiques, vient poser sa voix. Un morceaux plutôt trip-hop avec la voix de la chanteur tout en douceur qui pourrait nous faire penser à du Portishead et qui vient nous apaiser de toute la rage précédente. La thématique du texte : La violence domestique.

Parce que oui, j’en ai pas encore parlé, mais Asian Dub Foundation écrivent leur textes dans un réel souci politique et citoyen. Ils offrent des contestations pertinentes, tissées d’un constat souvent dramatique de nos sociétés occidentales et de l’état du monde en général. Dans Forteresse Europe le texte pose les bases futuristes d’un nouvel ordre européen où le peuple, confiné au sein d’un continent-prison, est confronté à des patrouilles de robots. Ils appellent ici le monde à un réveil salutaire contre toute forme d’autoritarisme (« Keep banging on the wall of Fortress Europe […] « People get ready it’s time to wake up »)

La Haine (qui commencent avec une lente et magnifique vibration à la Massive Attack) reprend les thèmes du mythique film de Mathieu Kassovitz (qui lui donne son nom) et compose une réflexion sur l’escalade de la violence, la ghettoïsation et le sentiment de non-droit (« Now you’re the juge, the jury and the executionner sealing his fate, You’re feeling the hate »)

La répression policière est le thème principal de 19 Rebellions, un titre beaucoup plus ragga et qui repart dans une ambiance plus frénétique, et qui nous parle du massacre par la police militaire de 111 détenus à Sao Paulo en 1992.

Si tu aimes la musique indienne, les percussions africaines, le rap, le hip-hop, le trip-hop, le ragga, la jungle et la drum’n’bass, que tu aimes l’engagement politique et social des textes, Enemy of the enemy d’Asian Dub Foundation est un album que tu dois absolument avoir. Une musique explosive et multicolore, sans limite comme le prouve ce morceau :

KING CRIMSON – In the court of the Crimson King

King Crimson – In The Court Of The Crismon King

Atlantic Records – 1969

Gosse, j’ai passé des heures à fouiller dans les vinyles de mon père, j’en ai abimé quelques-uns, bousillé des diamants etc. Mais il m’a laissé faire, fouiller, écouter…

Ce qui m’a marqué dans sa collection de disques des années 60, 70, 80… allant du psyché au hard rock en passant par le punk… c’est les jaquettes. Des pochettes folles, trash, crades, rangées en rang à côté des numéros de Fluide Glacial.

Parmi elles, j’y vois un homme qui hurle, terrifié, le visage allongé, comme aspiré, c’est son oreille qui se barre et probablement son cerveau. A l’intérieur de la jaquette, un homme au visage rond, aux dents de vampire, sourit comme un dément et semble absoudre l’autre, pour mieux l’attirer, le piéger et l’engloutir dans la folie King Crimson.

J’incline le diamant dans le sillon, notre siècle est un mélange d’horreur, de violence et de futilité. Nous sommes tous l’homme schizophrène du 21ème siècle !

Riff imparable ayant marqué les oreilles d’une génération entière de musiciens.
Le rock prog est évidemment psychédélique, chaque long morceau est un voyage halluciné, la drogue est dans toutes les veines… Y a un contexte, une époque, on joue le hippie, on dit n’importe quoi genre qu’on parle au vent…

I talk to the wind. King Crimson. from Alon Bernstein on Vimeo.

Après le léger vient le grave. La mort, la fin du monde, le mur des prophètes qui s’effrite… L’humanité court à sa perte, son destin est dans les mains des idiots… Dans la confusion la plus totale tout le monde pleure en écoutant le plus beau morceau du monde.

Alors moi je suis gosse, je ne comprends pas tout, voire franchement pas grand-chose mais je ressens. C’est intense et vaporeux, je regarde les étoiles par la fenêtre du salon, je suis un enfant de la lune.

Et puis des années plus tard c’est pareil, les hommes sont affligeants, le monde est pourri… la même horreur, la même violence…
Mais je m’en fou, je suis un sujet du Roi Crimson, je m’envole, je me casse là-haut loin de leurs trônes, de leurs dragons, de leurs zombies… objectif plénitude et apaisement.

Une seule porte pour le royaume et plein de clés, des petits carrés en cartons, de la poussière magique, de très grands calumets… Aller simple pour les barjots, les inadaptés, les rêveurs, les poètes, les débiles, les gros cÅ“urs, les j’en ai marre… Dans la cour du Crimson King !

Jason Becker – Perspective

Jason Becker est né le 22 Juillet 1969.

Il commença la guitare à l’âge de 5 ans et maitrisa les techniques contemporaines de guitare électrique très rapidement.

A 14 ans il est reconnu comme étant un compositeur et un guitariste de génie.

A 16 ans il rencontre Marty Friedman avec qui il enregistre deux albums de Thrash Néo-Classique sous le nom de groupe Cacophony.

En 1988, alors âgé de 19 ans il enregistre son premier album solo, Perpetual Burn, un chef d’Å“uvre incontournable pour tout guitariste qui se respecte.

Il tourne un peu partout dans le monde, fait la couverture de nombreux magasines de musique, Guitar Magazine le nommant même meilleur guitariste de sa génération.

Puis, il rencontre David Lee Roth, alors ex-chanteur de Van Halen, qui le recrute pour son projet solo, Steve Vai s’étant fait la malle.

Ensemble ils sortent l’album « A little ain’t enough » en 1991.

La même année, Jason est diagnostiqué avec une Sclérose Latérale Amyotrophique, maladie laissant son esprit intact mais lui faisant perdre progressivement l’usage de son corps.

On lui dit qu’il ne jouera plus jamais de guitare et qu’il n’a que 3 à 5 ans à vivre.

Il a alors 20 ans.

Incapable de bouger, ni même de parler, son père invente un système de communication oculaire, avec lequel Jason décide de continuer à écrire de la musique, et en 1996 il sort l’album Perspective.

Alors mettons-nous bien d’accord, mon album favori de Becker reste Perpetual Burn, dans lequel toute sa technique et sa musicalité guitaristique étaient à leur maximum.

Mais Perspective va bien au-delà de ça, même si le son laisse parfois à désirer, les instruments électroniques de l’époque n’étant pas de très bonne qualité, même si clairement la guitare est quasi absente et que l’album ressemble finalement à une fresque classique jouer par un logiciel, la prouesse de sa réalisation le propulse au rang de chef-d’Å“uvre légendaire.

Il s’agit d’un symbole de lutte contre la maladie et contre les probabilités, prouvant que la volonté d’une personne est parfois plus forte que tout.

Aujourd’hui, Jason Becker a 48 ans, toujours bien vivant, toujours composant sa musique.

Je vous invite d’ailleurs à regarder le documentaire « Not Dead Yet » retraçant sa vie et son Å“uvre.

Sur ce, je vous laisse avec la deuxième piste de cet album incroyable, Rain.

GORAN GREGOVIC – Arizona Dream OST

GORAN BREGOVIC – Arizona Dream Soundtrack

Mercury Records – 1993

La plupart des lundispensables ici à Béton font écho à notre adolescence. Les premières années du lycée, au plus tôt la fin du collège, là où on commence à avoir une véritable oreille sur la musique, et une sensibilité critique sur l’art en général. Tout prend rapidement une ampleur incroyable devant le monde qui s’ouvre à nous, et qui nous forge pour l’avenir.

Mais ce disque là est arrivé bien avant. Il a le charme voilé d’une brume qui est caractéristique des souvenirs de l’enfance. En 1993, à la sortie du film Arizona Dream d’Emir Kusturica, je n’avais que 6 ans, et je me souviens que la bande originale signée par Goran Bregovic tournait en boucle et à fond dans notre salon familial. Et c’était la fête !

A cette époque là bien sûr je n’avais pas vu le film. Je ne savais même pas ce qu’était une bande originale à vrai dire ! De toute manière, à 6 ans j’y aurais pas compris grand chose au film. D’ailleurs, à cette bande originale, j’y comprenais pas grand chose non plus. Mais l’atmosphère qui s’en dégageait m’a marquée. Du haut de mes 6 ans, de mes Contes des la rue Mouftards et de mon abonnement à J’aime lire, la confrontation de mon monde encore enfantin avec la voix caverneuse d’Iggy Pop et les mélodies de l’Est de Goran Bregovic avait quelque chose d’intriguant, si ce n’est d’inquiétant. Il y avait quelque chose de grave dans cette musique, quelque chose du royaume des adultes qui me fascinait mais que je ne parvenais pas complètement à saisir.

Bien sûr, ensuite tout ça c’est estompé. Parfois, j’entendais le tube In The Death Car à la radio, qui activait automatiquement la madeleine de Proust auditive en me replongeant dans mes jeunes années. Mais je ne savais pas du tout qui avait fait ce morceau ni d’où il venait (à l’époque Shazam, ça existait pas !). Les années ont passé, et vers mes 18 ans, je me suis retrouvé à aller au Sziget festival, en Hongrie. En plein après-midi, sur l’une des nombreuses scènes qui jalonnent ce festival qui est l’un des plus gros d’Europe, je me retrouvais devant le concert de Goran Bregovic, à danser pieds nus dans l’herbe en me prenant probablement pour un Gitan libre comme l’air. Et puis là, les premières notes de In The Death Car ont été joué, et tout est revenu d’un coup. Je me revoyais à 6 ans avec ma mère et ça m’a retourné. Tout était parfait à ce moment là, le soleil, les amis, redécouvrir un artiste qui avait marqué mon enfance et ma famille. La claque. La nostalgie.

Depuis tout ce temps je me suis pas mal rattrapé. J’ai vu le film plusieurs fois (un chef d’oeuvre poétique et puissant avec un Johnny Depp au sommet de son art), j’ai aussi vu Goran Bregovic plusieurs fois en concert. Et cet album n’est plus vraiment une madelaine de Proust qui se déclenche sans qu’on le demande, mais c’est plutôt comme la photo d’une personne qu’on garde précieusement dans son porte monnaie, pour la ressortir à l’envie. Pour se rappeler. Pour ne pas trop grandir. Et pour ne pas l’oublier.

MÖTLEY CRÜE – Dr Feelgood

1987, enregistrement du quatrième album du groupe aux multiples excès Mötley Crüe, l’album « Girls Girls Girls« . Alors au sommet de leur défonce, les membres du groupe ont perdu pied. Ils enchaînent les overdoses, les comas éthyliques, défraient les chroniques avec des affaires de sexe pas toujours, voire jamais reluisantes. D’un commun accord, et avec la pression du management, rentrent en cure de désintox.

1989, enregistrement du 5ème album, « Dr Feelgood« , dont je vais vous parler maintenant tout de suite, avec une petite larme à l’Å“il, puisque ceci est mon baroud d’honneur, mon ultime lundispensable avant de quitter la grande famille Béton qui va me manquer!

Dr Feelgood, au-delà du fait que ce soit mon album préféré du groupe, est aussi le seul et unique album que les musiciens ont enregistré complètement clean, sous l’influence d’aucune drogue, d’aucun alcool, d’aucun artifice, juste eux et leur passé de Rockeurs dépravés derrière eux. Et le résultat ne ment pas : Nouveau producteur, Bob Rock, et nouveau départ : le fait que les mecs soient cleans, cela se ressent dès le début, un son plus lourd, plus propre, dès le départ avec le 1er morceau qui parle de came, Dr feelgood.

Je frémis d’avance en vous parlant du merveilleux Kickstart My heart qui traite de la très triste overdose de Nikki Sixx ( sauvé par Steven Adler , le 1er batteur des Guns), accompagné par le clip trompeur montrant des courses de Nascar.

A ce moment là de l’album, votre serviteur fan invétéré des Guns justement était en train de se dire qu’il tenait là peut être son nouvel album de chevet. Alors je me suis empressé d’acheter le numéro spécial de hard Rock mag consacré à Mötley, avec plein de posters dedans. Posters qui ont fait ma joie, et ceux des murs de ma piaule, posters qui ont fait le malheur de ma mère qui ne rêvait que d’une chose : qu’ils disparaissent à tout jamais, et un en particulier : Nikki Sixx posant devant sa Ferrari avec un gros sticker dessus : FUCK AUTHORITY, que je m’empressai de me faire en t shirt chez Magic Flash, Rue Colbert, un mec qui pressait des T shirts pour pas cher., Aaaanh quand j’y pense comment il était trop cool ce T shirt.

J’en étais où, ha oui après KickStart My Heart, un autre morceau « Sticky Sweet » avec comme Choristes Bryan Adams et Steven Tyler, bam !!!!!

Bien sûr, Mötley Crüe aiment les filles, et donc le chantent, dans deux morceaux, un très sexe « She Goes Down », que je ne traduirai pas pour ne pas heurter les oreilles puritaines des auditeurs de Béton, et l’autre, parce qu’un album de Mötley sans ballade n’est pas un album de Mötley, la formidable « Without you ».

Je pourrai vous parler de tous les morceaux de Dr Feelgood, mais ça prendrait des plombes, alors je vais conclure par « Don’t go away mad (just go away), dernier morceau dantesque de l’album, qui a enfoncé le clou dans mon esprit. Après cet album, Mötley édita un best of, « Decade of decadence », accompagné par une VHS, réunissant tous leurs clips depuis le début et des interviews qui représentaient à 100% ce qu’était l’adage Sex Drugs & Rock N’ roll .

Ce qui est formidable également, c’est que Mick Mars, atteint d’une maladie grave des articulations, était considéré comme un des pires guitaristes que la Planète Hard rock ait jamais porté. A la suite ce cet album, il se racheta aux yeux de tous une crédibilité, et rentra au panthéon. Dernière petite chose et pas des moindres, Lars Ulrich de Metallica contacta Bob Rock pour produire leur « Black Album », après avoir été impressionné par son travail de production sur Dr. Feelgood, ça vous la coupe hein ? Allez, sur ce, on va écouter « Don’t go away mad » et moi, je vous dis salut, à la prochaine !

#dessindemichouquejavaisentshirt !!!!!

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JAGA JAZZIST – One Armed Bandit

Présenter un album en vous disant qu’il a été une révélation dans sa totalité, que le ciel s’est ouvert devant moi et que mes jambes puissamment musclées se sont mises à trembler devant ce miracle, ce serait un mensonge. En fait, je n’ai jamais sublimé un album isolé, même si j’admets l’intérêt et la portée qu’il peut avoir. J’ai toujours préféré grappiller ici ou là dans la globalité pour trouver mon bonheur, et du coup je vous dis: «à bientôt, salut !» …

Ha ha ha! Joke ! Comme on me paye très cher pour faire cette chronique, j’ai quand même trouvé un album qui représente pour moi une belle découverte: « One-Armed bandit » de Jaga Jazzist !

Ce groupe norvégien m’a été présenté par Jean marc Herbreteau, alors que j’étais en formation à Jazz à Tours. J’étais dans une période Jazz électro, nu-jazz, et avide de découvrir la transversalité du jazz et son pouvoir de fusion des genres. J’ai aimé ce groupe dés la première écoute. J’y devinais plusieurs influences sans pouvoir vraiment les identifier, il y avait une vraie esthétique qui leur était propre. Ils se sont formés en 1994, menés par les frères Lars et Martin Horntveth. Onze musiciens était présents au début, et leur premier EP magasin est sorti en 1998 sur le label anglais Ninja Tune. Jaga Jazzist est considéré comme le précurseur du mouvement nu-jazz en Scandinavie.

L’album « One-Armed bandit » est pour moi l’album de la maturité du groupe. L’ensemble de l’album représente le son et le style « jaga jazzist », une sorte de mélange de musique répétitive à la Steve Reich, de rock, et de musique contemporaine allant du classique au noise.

La formation instrumentale joue beaucoup dans l’originalité du projet. A l’instrumentatium traditionnel du rock (basse-batterie-guitare), s’ajoutent tuba, flûte traversière, clarinette basse, contrebasse, trompette, trombone, saxophone, et un autre instrument qui donne une couleur très spécifique, le vibraphone. Des claviers analogiques complètent l’ensemble pour la dimension électro.

Le morceau « Toccata » est la représentation parfaite de l’influence des musiques répétitives dans leur travail.

Pour conclure, Jaga Jazzist représente pour moi l’esprit collectif au service de la musique, personne n’étant mis en avant car seule la fresque musicale globale compte. Le résultat est un univers riche et cinématique dans lequel on s’imagine voyager en tapis volant.

MGMT – Oracular Spectacular

Aujourd’hui, je vous ramène en 2008 ! Je ne sais pas trop ce que je faisais au début de l’année 2008, mais ce qui est sûr, c’est que je le faisais en écoutant çà :

Et oui, j’écoutais comme tout le monde le 1er album de l’excentrique duo de Brooklyn MGMT : « Oracular Spectacular ». Un album qui a foutu une très grosse claque à tout le monde lors de sa sortie. Venus de nul part, les petits américains de ManaGeMenT (oui, oui Management = MGMT pour les intimes) ont pris d’assaut toutes les oreilles à l’internationale, avec leur Pop électro rock psyché. Une sorte de grande rencontre entre Arcade Fire, Price, Of Montreal, The Bee Gees, Syd Barrett et Bowie.

Un album qui commence direct par un tube : Time to pretend ! Titre où le duo clame pour tous les jeunes d’alors qu’ils dégueulent sur la société de consommation, ils veulent profiter de l’instant présent, sans penser à demain : « Faisons de la musique, gagnons de l’argent, épousons des top models/Je vais bouger sur Paris, me shooter à l’héroïne, baiser des stars/Notre décision est de vivre vite et de mourir jeunes/Nous avons la vision, alors amusons-nous « .

Un morceau qui fleure bon le tube de l’été, avec un côté provoc, fougue de la jeunesse et mélodie légère. Un côté faussement neuf et sixties en même temps. Un titre qui nous met direct dans le bain de cet album.
Les MGMT ont quand même un sacré truc avec les refrains qui vous accrochent les oreilles ! Comme avec Electric Feel, un titre plus funky qui vous oblige à dodeliner de la tête.

L’utilisation répétée des claviers alliée à l’usage immodérée des nappes de sons psychédéliques ne vise qu’à retrouver l’enfant vivant encore en chacun de nous. Comme avec The Youth « C’est un appel des bras à vivre et aimer et dormir ensemble / Nous pourrions inonder les rues d’amour ou de de lumière ou de chaleur/Enfermer les parents dehors, danser, nous tordre et crier/Onduler vos maisn/Faire tomber la pluie/Pour que les étoiles se lèvent encore/La jeunesse commence à changer »

La jeunesse est aussi là avec le titre Kids, placé au milieu et qui commence par ces cris d’enfant. Les kids profitent simplement de leur existence, libre de toute contrainte, ouverts à toutes les possibilités et ça nous donne bien envie de les rejoindre. « Pas de temps pour penser aux conséquences / Contrôle-toi/Prend seulement ce dont tu as besoin »

Il est vrai, une fin d’album un peu en deça, qui a pris cher dans les critiques avec beaucoup de new-wave, encore plus de synthé pop et du disco, mais pour moi c’est que comparé aux tubes du début de l’album à savoir Time to pretend / Electric Feel et Kids, il est vrai que les autres titres sont moindres, mais il ne faut pas exagérer car par exemple Of Moons, birds & monsters, 8e titre de cet album, est encore une pure merveille et nous donne toujours à écouter du très bon rock psyché.

Bref, MGMT, une bande de néo-hippies fans de synthé qui présente une nouvelle version du monde sous la forme d’un méga-trip hallucinatoire a marqué toute l’année 2008 et bien plus encore. Oracular Spectacular, un album qu’on écoute toujours aujourd’hui sans aucune nostalgie, pour preuve le titre Kids :

Kasabian

Kasabian – Kasabian / 2004 / RCA Records

Avant de commencer petite remise en contexte :
J’ai 14 ans et je m’apprête à entre en collision avec la british touch dans tout son flegme, sa grandiloquence et son côté branlos !
Oasis ? Trop vieux ! Blur ? Balec ! Arctic Monkeys ? Pas nés !
Je pouvais pas blairer le foot, mais si j’avais dû être dans une équipe ça aurait soit celle d’Olive et Tom soit le Club Foot de Kasabian !

Mutants hybrides entre holligans piliers de comptoir et rockstars dandy, Tom Meighan et Sergio Pizzorno leadent et jouent du coude pour incarner le plus possible la figure christique du groupe ! Au point bien entendu d’en effacer tout à fait les autres membres qui pourraient être remplacés par des hommes crabes que personne le remarquerait !

Le but ? Remplir les stades, faire passer les frères gallager pour des boys scout et les Spice Girls pour des choristes à la kermesse de Beaulieu les Loches ! On ne s’embarrasse pas de morale, de valeurs, c’est la loi du plus fort et de la trahison !

Evidemment l’alcool coule à flot et la drogue tombe comme s’il en pleuvait ! Lors de leur première tournée en France Meighan et Pizzorno s’étonneront de la grande qualité de la weed française bien plus forte que chez eux, même si pour la coke et la MD c’était quand même mieux à la maison !
Chez les Kasabian on se défonce jusqu’à perdre son âme !

Après c’est la déchéance, le voyage halluciné, on vire balade psychée, on essaie d’être silencieux, on se retient de respirer, on se traine au sol, comme dans une spirale paranoïaque, un flip interminable aux accents de Massive Attack…

Puis seulement on revient au fondamental, à la raison même de ce gang de junky prétentieux, la musique plus forte que tout. Quand plus personne n’est là, que tu n’as plus rien à prendre pour t’anesthésier le cerveau, que tu ne trouves pas le sommeil, que tu es finalement perdu… tu te soumets à une force plus grande que toi, sans avoir besoin de prier.

A 14 ans j’ai découvert Kasabian junky british branleurs et possédés.

Arch Enemy – Doomsday Machine

Ah, Arch Enemy, le premier groupe de Death Melodic que j’ai écouté, le premier groupe à m’avoir fait apprécier les voix ultra saturées, le premier groupe à m’avoir montré que les femmes dans le métal n’étaient pas toutes des chanteuses d’opéra ratées…

Parce que oui, mettons-nous bien d’accord, la voix là c’est celle d’une femme, celle d’Angela Gossow pour être précis, une belle blonde allemande qui tabasse.

Et leur meilleur album (mon préféré en tout cas) c’est celui-ci, Doomsday Machine.

C’est un enchaînement de tubes depuis l’intro de l’album jusqu’à la dernière note.

En effet, la qualité d’écriture de cet album était sans précédent dans le groupe.

Il s’agit du 6ème album studio du groupe et le 3ème avec Angela Gossow au chant, et on y trouve des chefs d’Å“uvres tels que « Taking Back My Soul », Nemesis ou « I Am A Legend/Out For Blood ».

Mais Arch Enemy kessessé ?

Et bien il s’agit d’un groupe de Death Metal Suédois formé en 1995 par les frères Michael et Christopher Amott et par le chanteur (et bassiste) Johan Liiva, qui fut remplacé en 2001 par Agnela Gossow, partie quant à elle en 2014 pour laisser la place à Alissa White (ex chanteuse de The Agonist).

Angela reste malgré tout manager du groupe.

Les sujets abordés sont le soulèvement populaire, la révolution face à toute forme d’oppression, l’anarchie et depuis 2011, le groupe est associé à Amnesty International.

Angela Gossow déclarera même, je cite : « ceux qui oppressent les masses doivent affronter la Justice […] La scène metal est non-conformiste, […] sortons dehors et soutenons la cause ! »

Mais revenons sur la musique.

Chaque morceau de Doomsday Machine est empli de puissance et de rage.
Les guitares hurlent, oscillant entre riffs dévastateurs et mélodies / solos terriblement efficaces.

Les parties de batteries sont parfaites, la basse fait un taff monstrueux et la voix se font dans tout ça comme un instrument faisant partie du groupe et non comme une simple voix mise en valeur par les musiciens.
Pour terminer je vous propose de s’écouter mon morceau favori de cet album « Carry the Cross ».

Georges Brassens – La Mauvaise Réputation

À l’heure où la foule chante en coeur ces derniers couplets, Georges Brassens est obligé de quitter la scène, pris d’une douleur insoutenable au rein droit, cela fait trois chansons qu‘il se courbe violemment pour faire passer cette douleur qui l’empêche de chanter.

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C’est sa compagne, qui le rejoint dans sa loge. Georges lui demande de l’emmener chez son ami et médecin Maurice Bousquet pour ce qui s’avéra être sa dernière escale dans le petit village de Saint-Gely-De-Fest, perdu dans la région du Languedoc-Roussilon. Georges avait déjà subi de nombreuses interventions chirurgicales mais, un certain 29 octobre 1981 à seize heure et vingt et une minutes, allongé sur le lit de son ami, la mort qu’il a si souvent chanté l’emporta, il avait soixante ans.

Comment une nana de 22 piges comme moi, née dans le début des années 90 a pu faire des musiques d’un mec né en 1921, un repère musical dans lequel elle va toujours se fourrer pour se réconforter ?

La magie des souvenirs j’ai envie de dire….et surtout le souvenir de cet album : La Mauvaise Réputation sorti en 1952, où Georges Brassens chante des chansons poétiques (…et souvent gaillardes). Un nom d’album qui est ensuite devenu le nom du premier titre bien connu de Brassens, La Mauvaise Réputation.

J’ai juste envie de remercier mon père, musicien chanteur, et sa tendre femme à 6 cordes, un père qui m’a bercé pendant des années sous le son de sa poignée d’arpèges. Capable de vous retourner le coeur, comme lors d’un tour de manège.
C’est sur je suis un voyou que je l’ai le plus souvent entendu chanter, le soir, quand j’allais me coucher, avant de retourner sur les bancs de l’école primaire. Je vous laisse écouter ce beau et court morceau. Qui ne figure pas dans l’album La Mauvaise Réputation de 1952, mais dans le 45 Tour du même nom sorti 4 ans plus tard en 56.

Si je devais choisir une personne plus de ce monde, avec qui j’aimerai dîner le temps d’une soirée, ce serait vers Georges Brassens que mon choix se dirigerait. Sans hésiter même ! Il me fascine, par sa générosité textuelle, par ses phrases majestueusement composées, son vocabulaire riche, enrobée d’une diction parfaite, ses allitérations à foisons, enfin vous l’avez compris, c’est notoire, il n’y a rien à lui reprocher. Un orateur et musicien aux textes qui débordent de sens cachés, de finesses et de subtilité.

Brassens a composé des centaines et des centaines de chansons, il dit lui même écrire, oublier, puis se souvenir, des années après. Il aborde des sujets polémiques de l’époque en chanson, comme par exemple dans Le Gorille, où il parle de son opposition à la peine de mort. Dès sa sortie, sa chanson a été interdite sur les radios françaises et sur Radio Luxembourg. Brassens a l’habitude de la censure, il continu de s’exprimer, d’écrire malgré ce qu’en pense la société. C’est en 1955, trois ans après que Le Gorille est rediffusé à la radio, suite à la création Europe 1.
Pour bien se quitter je vous laisse écouter, et surtout, vous rappeler !