PARA ONE – Passion

De par une passion fascinante pour les musiques électroniques, l’auteur signe son meilleur album d’une touche magique.

L’annonce est arrivée d’un pote au téléphone milieu avril : « Selon plusieurs sources, l’album de Para One va rester dans les mémoires et ira plus loin que les musiques électroniques stricto sensu, il faudra suivre ça. » après un large sourire, je me dis que la nouvelle est quand même forte, mais pas si anodine que ça. En effet, après un album à moitié « four to the floor » et personnel (Epiphanie) ; un exercice magnifique pour le cinéma (La Naissance des Pieuvres) ; des maxis de plus en plus mélodieux et la production du dernier album de Birdy Nam Nam, Jean-Baptiste de Laubier n’a jamais été aussi créatif et en forme que ces derniers temps. Quand l’album est arrivé sur mon bureau début mai, je me suis dit à la vue de la pochette que, c’est reparti pour un tour niveau mauvais goût. Bon, je vous l’accorde, elle est plus jolie que « Epiphanie » (je n’ai rien contre ton visage, tu es plutôt beau gosse, mais les couleurs et le fond merde alors !!!), mais elle n’attire pas tellement (sauf si vous aimez le baroque ou que vous étiez un fondu du graphisme de l’Amiga 1200 au milieu des 90’s). Après, je pense qu’elle n’est pas forcement là pour être aimée la pochette, alors, soit, passons, parce que le meilleur est à venir, et quelle surprise !

Le thème central de ce « Passion » est le romantisme. Pas du genre à la Sebastien Tellier comme dans « Sexuality », mais plus dans le sens musical du terme. Chez Para One, il y a un savoir-faire qui tient sacrément la route, les sonorités analogiques font tête haute et sa recherche d’un certain bonheur pour les oreilles tient dans chaque morceau. Profondément moderne tout en étant retro-futuriste, le feeling est très P-Funk, mais aussi avec un certain amour pour les structures Hip-hop et 2-Step de la fin des 90’s. Il y a plusieurs façons de rendre hommage à un esprit et un son d’une époque. Soit en l’idéalisant, soit avec des souvenirs profonds qui reviennent à du vrai respect. La deuxième proposition est la plus adéquate, et reste tout au long de l’album.

La claque est piste 9, avec « Albatros ». Un classique qui restera indémodable, et qui par son écriture entre Deep-House et Soul futuriste, est à poser entre le « Can you feel it » de Mr.Fingers (Larry Heard) et « The Love Of My Own » de Joe R.Lewis. Si son deuxième album commence par une ambiance sombre et dronesque (Ice Cold), c’est pour mieux rebondir avec « Wake Me Up » et son mélange étonnant entre Breakbeat Glitché et déviant, qui part ensuite avec des synthés Transe. Ce morceau demande plusieurs écoutes, tout comme paradoxalement « Passion », ce qui nous fait dire que c’est un véritable album, qui demande une certaine compréhension, afin que notre cerveau le prenne d’une façon plus limpide. En parlant de clairvoyance, « Every Little Thing » avec la voix de l’ultra booké Irfane (Outlines) est le tube parfait de Funk à écouter sur le sable, tout en regardant le soleil se coucher. Plus de quatre minutes d’un esprit en « Slow-Motion » éclatant. « Love Ave » se souvient d’un amour pur, tandis que le très Broken 2-Step « You » toujours à une certaine naïveté innocente lié à l’enfance.

Une rare intensité se dégage ainsi d’un album concentré, où chaque morceau a sa place. A l’écoute de ce dernier, on peut très bien dire sans trop s’avancer qu’un classement difficile a été fait pour finir avec une liste de morceaux évidemment travaillés, tous d’une richesse musicale aussi belle les une que les autres. “When the night” (ft. Jaw) en est l’exemple type : Savant mélange de hip-hop ghetto avec une ligne de basse claquante, une voix funky et groovy à en faire tomber les culottes et un esprit très rétro dans les synthés. La présence de filtres plus ou moins accentués donne une courbe au morceau et les breaks en mode “scratch” rendent le morceau éclectique dans toute son originalité.

Para One rend la passion encore plus forte envers la musique, et transcende son univers d’une façon quasiment parfaite (si on oublie le détestable « Lean On Me »). Une pierre angulaire de la musique électronique Française, forcément indispensable.

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