PAUL KALKBRENNER – Berlin Calling B.O

PAUL KALKBRENNER – Berlin Calling
Berlin / Bpitch Control

Un album qui nous marque à vie, c’est bien souvent la toute première rencontre avec un style de musique, un nouvel univers. Et si cet album n’est pas forcément le meilleur, le plus avant-gardiste ou le plus pointu, il a souvent le mérite difficile d’être une porte d’entrée assez séduisante pour nous inviter à découvrir un monde nouveau, où tout est à explorer.

Et c’est encore plus fort quand ce genre de déclique vous arrive par hasard en live, en traînant ses guêtres au hasard des scènes d’un festival. C’était le cas en 2011, au Printemps de Bourges, à une soirée où se bousculaient les têtes d’affiches (Ratatat, Beat Torrent, Metronomy ou encore The Do). Je sortais la tête pleine d’une fureur punk d’un concert de The Subs où j’avais vu le chanteur slamer tout en avalant son micro à force de hurler dedans (si si)

Bref, abasourdi de cette violence, que je recherchais pas mal à l’époque dans la musique électronique, étant encore sous l’influence de l’electro percutante de la fin des années 2000 (j’étais aussi à fond devant le live des Beat Torrent ce soir là), je me retrouve un peu par hasard devant la grande scène pour le début de Paul Kalkbrenner. Je dois vous avouer que la soirée commençait à poindre le bout du jour, et que les sens commençaient à être parfaitement émoussés. Bref, j’étais cuit à point. Autres conditions en ma faveur : peu de monde devant Paul, on pouvait approcher assez près de la scène sans se faire piétiner, et avoir son espace vital. Chose que j’ai toujours apprécié par la suite dans les concerts de techno : on est pas là pour pogoter, c’est finalement un plaisir assez personnel et intérieur que de se laisser porter, tranquillou.

Le concert commence et Paul Kalkbrenner est bien au-dessus de nous. Il arbore fièrement son éternel maillot de foot de l’équipe Allemande de 1990, et c’est parti. Le BPM est inhabituellement lent pour moi, mais les sonorités sont si prenantes, si planantes, qu’un sourire se plaque immédiatement sur mon visage. On est transporté immédiatement sur une autre planète, et l’atmosphère froide du grand chapiteau du Printemps de Bourges s’évanouit autour de moi. Les moments de grâce se succèdent à des rythmes plus sombres, de colère contenue. Franchement, c’est la claque.

Le concert passe en une fraction de seconde et reste pourtant un souvenir bien ancré dans ma mémoire. Si aujourd’hui Paul Kalkbrenner flirt parfois avec l’EDM, si après l’avoir revu 3 fois en live, il fait toujours le même set, cette première rencontre marque mon début d’amour pour la musique techno, quelque chose de plus lent et de plus pur, de plus mental que physique. Quelques temps plus tard, je regarde le film d’où est extraite cette bande originale qui fera son succès planétaire. Un film qui me fera aller à Berlin par deux fois, pour plonger un peu plus dans cette scène contestataire et punk à sa manière. Un concert qui m’a donc ouvert à la fois les portes d’une musique, d’une ville et d’un mode de vie. Merci Paul !

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