THE SWORD – Apocryphon – Razor & tie records

Après les sorties successives de tous les albums pitchfork possibles de la rentrée, on ne vous cache pas qu’on est à overdose -1. Par conséquent, c’est parfois à reculons qu’on pousse un disque dans la platine (au hasard le dernier Tame Impala). Quand on se réveille le matin en ayant envie de télécharger l’intégrale de Judas Priest, on se dit que bon, quand même, on a envie de crier quelque chose du genre de « Père Dodu j’en peux plus » mais en rapport avec la musique.

C’est là qu’on se rend compte que la vie est quand même parfois bien faite puisque c’est aujourd’hui qu’on met de côté tous les hipsters du monde entier pour un gros album de heavy metal.
Merci THE SWORD de sortir aujourd’hui votre 4e album: APOCRYPHON. (C’est même jouissif de l’écrire)

The Sword viennent du Texas (comme les Marked men, je dis ça comme ça), cet endroit de déglingos qui cuit sous le cagnard et où des hommes en pick-ups poussiéreux boivent de la Bud. C’est leur tournée en première partie de Metallica qui a contribué à les rendre célèbres, ils ont d’ailleurs fait partie des groupes programmés au Orion music festival à Atlantic City, le festival créé par Metallica. Sinon, ils ont sorti avant celui-là 3 albums sur l’excellent label Kemado records (le label de Saviours je dis juste ça comme ça), ou disons le clairement, ils ne sont jamais sorti du sillon cher à notre coeur du heavy metal stoner. Sur Apocryphon on a la joie de retrouver les vieux tricks old school de leur premier album Age of Winters, les gros breaks de batterie à la Bonham, du doom metal qui groove pour écouter à fond dans la Renault 21.

Les charmants garçons nous font même gré d’une intro de morceau électronique sur le dernier morceau Apocryphon, tiens donc, qui fait un peu l’effet d’une teinture ratée: c’est moche mais au bout de 2-3 jours on fera plus gaffe.

A noter la très jolie pochette (aussi baroque et occulte que les paroles de l’album) dessinée par J.H. Williams.

NB: Mettre l’ampli à 11.

Midnite Snaxxx « Midnite Snaxxx »

Alors que la presse française n’en finit plus de nous resservir des nouvelles vagues de trucs pas forcément pertinents (oui oui Lescop, on parle de toi), nous, à Béton, on reste les pieds dans la boue et le cul dans la bière avec le 1er disque des MIDNITE SNAXXX.

Ces 3 demoiselles (Dulcinea Gonzales, Tina Lucchesi & Renee Leal) ne sont pas françaises, mais d’Oakland, une des villes les plus craignos des États-Unis (avec Detroit) et font donc une musique à l’image des rues qu’elle traversent au volant de leur Lowrider: sale, bruyante et sévèrement burnée.

Ce disque convoque les plaisirs simples de la vie: La junkfood (la pochette parle d’elle-même) les Ramones (les morceaux font en moyenne moins de 2 minutes) et les vacances aux Caraïbes (la joie qui GERBE littéralement de chaque note)

Ajoutez à cela une vraie dégaine de badgirl et vous obtenez l »opération suivante: un morceau écouté = un fan de Lou Doillon au bûcher.

ARCHIVE – With Us Until You’re Dead

Nouveau disque et nouveau line-up, ARCHIVE transforme une bonne vieille règle bien connue en « on change souvent une équipe qui gagne ».
En faisant souvent tourner les membres du groupe, le noyau dur Darius Keeler et Danny Griffiths explore depuis bientôt 20 ans le trip-hop, le rock, l’électro, le hip-hop et emporte l’adhésion du public quasiment à chaque fois…

On les avait laissés avec deux albums sortis en 2009 (quelques mois d’intervalle) et issus de la même session d’enregistrement, Controlling Crowds et Controlling Crowds Part IV, ARCHIVE s’est donc à nouveau entouré de featurings d’horizons différents tels que Maria Q, Pollard Berrier, Rosko John – le MC de débuts – et la jeune et puissante Holly Martin.

C’est Wiped Out qui démarre les hostilités, déroulant un chant masculin hanté sur une rythmique trip-hop certes basique mais efficace. Après écoute des plages suivantes, l’on s’aperçoit que le collectif anglais n’a rien perdu de sa puissance mélodique et sonique.
Interlace accroche l’oreille rapidement, glissant vers nous à la manière d’une panthère, avec ce côté musique de film en plus.
Stick In My Heart est un titre qui fait se répéter un motif électro qui s’enchaine à Conflict pour former un diptyque là aussi efficace.
Puis Violently, le premier single, est donc l’occasion de présenter la nouvelle chanteuse intégrée au groupe, Holly Martin. Une voix soul très puissante qui se démarque des précédentes mais tire son épingle quand même.
Et puis la montée calme de Calm Down, beau passage avec orchestre, très cinématique, titre pour lequel va ma préférence.
Plus mainstream, Silent est également relativement agréable à l’écoute. C’est un chant lyrique qui est scandé durant le morceau.

ARCHIVE signe son retour avec un neuvième album varié, mêlant des morceaux sombres, mélancoliques et parfois cinématographiques à des titres plus accessibles, très orchestrés et emprunts de soul.
C’est plutôt une réussite !

Pas cette semaine… Mais des albums géniaux dans le Béton Frais : – Tous les lundi de 17h00 à 19h00 !!

Pas d’album de la semaine cette semaine !!

Sinon, écoutez le BETON FRAIS tous les lundis de 17H à 19H où la crème des crèmes des animateurs de Radio Béton vous présentent les formidables nouveautés qui intègrent les bacs de la radio !

WALL OF DEATH « MAIN OBSESSION » – Born Bad records

Il y en a eu tellement de groupes complètement chépers, ou perdus, ou fous. Les JEFFERSON AIRPLANE par exemple et leur chanteuse très jolie Grace Slick, qui consommait à outrance tous les psychotropes du système solaire parce qu’elle « était bi-polaire », ou les PINK FLOYD période « Live à Pompei » et leurs solos de batterie de 45 minutes. Pour quoi je vous parle de tout ça ? Parce WALL OF DEATH est un condensé de ceux là.

Dans la lignée de ce ce que peut offrir le label PAN EUROPEAN RECORDINGS (Aqua Nebula Oscillator, Kill For total peace, etc…), WALL OF DEATH évolue, ou plutôt survole dans cette pop psychée avec synthés démoniaques et montées (de speed ?) infernales !

Ces 3 allumés sont de paname et cet album qui sort sur notre label chouchou BORN BAD RECORDS contient que des morceaux planants, remplis d’une ambiance moite mais paradoxalement nébulaire, vous voyez ?

WALL OF DEATH, c’est de la pop fait par des punks, qui portent des T shirts GRATEFUL DEAD, mais qui rêvent chaque nuit de jouer avec RAM JAM. C’est ça aussi le pouvoir de WALL OF DEATH, cotoyer les Dieux, sans jamais trop les titiller, vous voyez ?

Formidable rejeton illégitime de l’accouplement incestueux entre les 2 formations psychopathes citées au tout début de cette chronique, « Main Obsession » est un voyage cosmique d’un autre temps ! Attention à la re-descente, l’addiction n’est pas loin !

PASSION PIT – Gossamer – French Kiss / Columbia

La légende veut que Michael Angelakos, leader de Passion Pit ait, pour la St Valentin, offert une K7 à sa petite amie. Mais pas une compile avec des chansons des autres, un disque avec des chansons à lui, pour elle. La copine, flattée, se serait empressée d’aller crâner auprès de ses amies leur montrant combien son cadeau à elle, sa collection de poésies pop défonçait leurs bouquets de roses un peu nuls. Et le succès aurait déferlé.

Le premier EP sorti en 2008, puis un album en 2009 qui les propulsa très très haut, Gossamer n’est donc que le 2e album pour Passion Pit. Le style est à rapprocher de la pop indie synthétique et adolescente de MGMT et M83, les thèmes évoqués et les ambiances déployées pour ce faire étant assez similaires: d’une, le chanteur narrateur a une voix entre-deux âges, entre l’homme et le falsetto vulnérable de l’homme enfant; de deux, on sent une propension à user et abuser des nappes synthétiques sucrées et des cloches empruntées aux succès FM 80s et 90s, évoquant le plaisir immédiat d’un hit radio et la torpeur des après-midi dans sa chambre scotché à son walkman.

La presse dit que Michael Angelakos est un peu tourmenté, voir carrément bipolaire, qu’il aurait viré la totalité de son groupe et la presse est contente de pouvoir associer des perles melodiques aussi claires à un cerveau si tristement malmené. Dans Gossamer il est question de frustration, d’amour et de tristesse et du fait que les choses sont jamais vraiment comme on les espérait. Et le tout chanté avec cet aigu dans la voix qui confère toute la fragilité du monde, l’honnêteté crue des sentiments et le premier degré de la pop.

« I caught you dancing quietly / It felt like being somebody else
Oh my friend, it seems like / Our love is too lovely for everyone else »

C’est un album pour les coeurs innocents, zero cynisme là-dedans. Oubliez le minimalisme et prenez des torrents, des oceans, des tartines et des tartines de choeurs, des piscines de miel, et tout ce qui dans la vie fait entrevoir la promesse de lendemains meilleurs.

J.C. SATAN – Faraway Land – sortie le 22 octobre sur Teenage menopause

A Radio Béton, chiens fous que nous sommes quand on s’est aperçu qu’il y avait un groupe qui s’appelait J.C. SATAN, on a d’abord cherché toutes les blagues possibles à faire, les jeux de mots, les calembours pour évacuer le trop-plein d’énergie (=humour stupide) qu’on a en nous. Et puis, calmés, on a écouté la musique et on les a quasi immédiatement aimés d’amour pur et véritable puis invités à boire des bières Jamiroquai à Aucard de Tours.

JC SATAN font du garage plutôt bruyant mais avec de belles mélodies, comme si les Troggs avaient rencontré une bande de riot girls.

On avait déjà adoré Hell death Samba, à l’écoute de Faraway Land, leur 3e album, il est clair que les bordelais ont passé un level. Sous une première couche garage psyché, on découvre une production très 60’s, avec cette basse bien ronde très en avant qui leur donne une grâce anglaise et fait un clin d’oeil à tous les beaux albums de pop psyché oubliés auxquels les Beatles avaient ouvert la voix. L’intro de Psalm ressemble au Blue Jay way de George Harrison, et rien que ça, c’est génial.

Loin de ressembler à tous les groupes de blousons en jean qui font du garage, JC SATAN ont la fraicheur et l’énergie des groupes Kill rock stars et Matador des années 90, la coolitude et les cheveux dans les yeux: on pense à Huggy Bear et à Bikini Kill et parfois même à Bis.

Faraway land est plus bruitiste, veut aller plus haut, plus fort, plus vite (jusqu’au bout de l’extrême limite) que son prédecesseur Hell death Samba, et l’objectif est atteint. L’album sort le 22 octobre sur Teenage Menopause, et ils seront aux Joulins le 4 octobre grâce à nos amis d’Endless summer.

Je pourrais dire c’est chanmax mais je le dirai pas.

The Bewitched Hands – Vampiric way – Sony music

The Bewitched Hands – Vampiric way –
Sortie le 24 septembre 2012

On les attendait au tournant, ces Rémois qui avaient réussi à nous faire pleurer sur « Hard To Cry » (une prouesse linguistique en plus d’être musical !), qui nous avaient de nouveau fait croire en la Pop française avec un grand « P ». Leur second album, Vampiric way, pointe enfin le bout de sa clef de sol. Et on le sait, un second album n’est jamais facile pour un groupe. Les Bewitched l’ont peaufiné et ont pris leur temps avant de le sortir, et grand bien leur en a fait, il n’a rien à envier à son prédécesseur ! Chronique à chaud pour une rentrée musicale sur les chapeaux de roues.

Avant d’entrer dans les détails, ce qui marque le plus à l’écoute de cet album, c’est le côté bien plus rock qu’on lui trouve. On avait peut-être un peu vite rangé les Bewitched sous l’étiquette « pop chorale et légère ». Si ce côté-là est toujours présent (ça donnerait presque envie d’aller inscrire ses bambins à la chorale du coin, tellement c’est beau), sur cet album se retrouve indubitablement un côté rock qui n’était pas aussi marqué sur « Birds & Drums ». Distorsions, gros riffs, rythmes endiablés, en plus de lever les bras avec une chair de poule tenace, on se surprend à headbanger sur de la pop. Si, je vous assure ! The Bewitched Hands, prochain groupe au Hellfest ? On ira peut être pas jusque-là mais en tout cas, l’alliance des deux styles est fait de manière particulièrement naturelle, habile et bien dosé, particulièrement sur le titre « 50’s are good », qui fait partie des nombreux tubes que compte cet album.

En effet, cet album, assez court mais dans les normes pour ce style musical (40 minutes), s’écoute d’un traite, en boucle, sans souci. Les mélodies se collent dans votre tête et ont un fort goût de « reviens-y » comme on dit à la Charité-sur-Loire. On pense bien sûr au single « Thank you, goodbye, it’s over » qui est déjà accompagné d’un clip fun à l’esprit Burtonnien. Mais d’autres titres n’ont rien à lui envier. On a déjà parlé de la très rock « 50’s are good », mais il faut absolument s’arrêter sur la balade pop rock de « Let Me », sur le refrain cold wave de « Boss », sur le synthé rétro de « Hard Love », la polyphonie particulièrement jouissive de « Vampiric Way » … Bref, vous l’aurez compris, il n’y a rien à jeter ou presque dans cet album qui confirme le talent de ces Rémois. On a hâte de les voir sur scène désormais pour la tournée qui ne manque pas d’accompagner cette sortie et qui a commencé directement par la grande porte, au festival Rock En Seine le 25 août.

Les Bewitched vont vous faire oublier la grisaille de cette fin d’été. Souriez, c’est la rentrée ! Et l’album de cette semaine sur Béton !

GRASSCUT – « UNEARTH »

GRASSCUT « UNEARTH » – NINJA TUNE RECORDS (2012)

Stupeur et tremblement au sein de la rédaction de RADIO BETON. Moi, enfant de DROP DEAD, de SACRED REICH et d’HELLOWEEN décrétant contre vents et marées que l’album de la semaine doit être le parfait 2ème album des English de GRASSCUT ? Tout fini par arriver. Sans blague, ce « UNEARTH » est une perle rare d’Electronica.

Déjà, à l’époque de leur tout 1er album, le méconnu « 1 inch : 1/2 Mile », des gens avaient eu le flaire, dont le magazine MOJO qui avait déclaré, je cite : « Cet album est album electronica du mois, voire même de l’année 2010″…PAF !

Alors ce « UNEARTH » sera peut-être l’album à graver dans le marbre. Dans l’histoire de la musique électronique j’entends bien. 10 Chansons, modelées dans les souvenirs, dans l’espace temps, écrites lors de voyages que le duo a effectué dans toute l’Angleterre et tous les bleds traversés, les démons rencontrés, les brouillards impénétrables des âmes damnées des personnes croisées aux détours de leur périple leur ont inspiré ces 10 chansons pour un résultat totalement magnifique d’Electronica planante.

« UNEARTH » est à la musique Electronique ce que le « LIVE AFTER DEATH » d’IRON MAIDEN est au métal, IN-DIS-PEN-SABLE !

« UNEARTH » est un voyage cosmique d’une pure beauté, à écouter dans le noir avec un mojito dans chaque main !! Ce disque aurait été parfait en bande-son de « RETOUR VERS LE FUTUR » !!!!