Tous les lundis pendant le Béton Frais, on vous parle de notre album coup de cœur du moment : c’est l’Album de la Semaine ! A écouter sur les ondes de Béton la semaine qui suit, puis le mois qui suit, puis l’année, puis … qui sait ?
Avec un peu de retard (Aucard, les vacances à la mer, les weekends chez Mamie etc…), voici qu’arrive sur les ondes de Béton, le 4e et dernier album de Dinosaur Pile-Up : « Celebrity Mansions ».
Créer en 2007 par le chanteur et guitariste Matt Bigland, avec le bassiste Jim Cratchley et le batteur Mike Sheils, Dinosaur Pile-Up vient de signer chez Parlophone et montent en puissance pour débouler dans toutes les oreilles au-delà de l’Angleterre.
Dans une ambiance globale de rock alternatif, l’album joui d’influences multiples : on passera donc de morceaux power punk à des tubes pop, de voix tantôt hip-hop à des morceaux beaucoup plus garage et grunge !
Comparé à Royal Blood, De Staat, Weezer, Foo Fighters, et bien évidemment à Nirvana pour leur côté bien grunge, le trio a un son aux mélodies imparables, des tubes que l’on pourrait écouter en boucle (ou « jusqu’à que mort sans suive », comme on aime à le dire à Béton).
Les vacances arrivent à grands pas et on en pouvait pas rêver mieux pour accompagner ces beaux jours que le dernier disque de Possum : Space Grade Assembly.
Et quel exploit pour un premier album, Possum a su digérer le psychédélisme des King Gizzard & The Lizard Wizard et de The Grateful Dead en l’alliant au surdynamisme d’un Ty Segall. Il se présente en effet comme une des galettes les plus réussies de cette année en matière de rock psyché/garage. Les pistes se suivent et se laissent écouter en boucle, c’est vibrant et énergique et ça fait bien fou dans un style qui commence peut être à tourner légèrement en boucle. En plus d’un son lo-fi propre au garage, le groupe aime à défendre des influences de la musique fuzz, certes, mais aussi du krautrock et du spacerock.
Ils auraient difficilement trouver meilleur endroit pour enregistrer leur disque quand on voit les photos de l’Oscillitarium. Une sorte de bastion du psychédélisme à Toronto à base de projections de motifs et de posters de grands noms du rock. C’est d’ailleurs cette équipe qui s’occupe des effets spéciaux sur leurs clips bien perchés tel que « The Hills« , premier morceau en deux parties qui ouvre l’album :
Ce premier LP sortait le 21 juin dernier sur le label petit Garnment District Records.
Après mon dernier coup de cœur pour Muthoni Drummer Queen, je suis très contente de vous présenter cette nouvelle pépite brute de Tracy De Sá.
Née en Inde à Goa, elle a grandi au Portugal et en Espagne, pour finalement s’installer en France. Toutes ses cultures sont représentées dans sa musique dense et sans frontière. Après avoir travaillé avec le bien connu tourangeau Comix Delbiagio, elle continue son aventure sans beatmaker attiré jusqu’à sa rencontre avec Tiery F. qui s’est mis aux manettes de ce premier album : Commotion.
La rappeuse nous emmène dans son univers Hip-Hop, tinté de R’n’B, raggaeton, gabber, trap…
“Ma musique est traversée par des sonorités latines, par l’influence du reggaeton, du flamenco mais aussi par la musique indienne, comme un juste retour à mes origines.”
Avant de prendre le micro, Tracy De Sá s’exprimait par la danse. Le flamenco, le moderne jazz, puis le hip-hop qui fut une révélation. A force de cotoyer les rappeurs, de danseur sur leurs textes, elle se questionne sur son identité et elle a envie de faire passer ses propres messages. Poussées par son entourage, elle commence à écrire ses textes et travail sa voix avant de monter sur scène à 18 ans.
Tracy De Sá est fière de féminiser le hip-hop, elle s’est battu pour élever les consciences dans un milieu toujours régi par les hommes. Un hip-hop conscient, engagé, qui questionne la place des femmes dans la société, leur liberté sexuelle et les tabous autour du corps.
Son flow et sa technique, taillés à l’écoute intensive du rap des 90’s est souvent comparé à celui de M.I.A, et son passage au Printemps de Bourges 2018 n’avait pas laissé le public indifférent.
Son premier disque, Commotion, sorti le 17 Mai dernier, sera ravir les plus ferment.e.s amateurs et amatrices de rap actuel, féministe et multiculturel. A retrouver d’urgence chez les meilleurs disquaires.
Le développement d’un propre langage musical prend du temps, et même si dans le contexte de déglutition et de zapping propre à notre époque ce n’est pas si simple, savoir créer une base est le point central d’un tout. De la digitalisation d’un Daniel Lopatin (OPE) en passant par la résurgence fantomatique des années Rave & Jungle de Lee Gamble, le monde d’aujourd’hui fait un va et vient vers le passé pour mieux le détruire ou le reconstruire. L’enchantement des idées n’a pas de frontière, et la musique de Vanishing Twin non plus, si on s’ouvre dans un espace où tout est liberté.
The Age Of Immunology se réfère au livre de A. David Napper sorti en 2003, qui s’est attaqué à l’une des croyances les plus fondamentales des temps modernes : l’immunologie, affirmant que l’hypothèse selon laquelle nous ne pouvons survivre que par l’élimination du « non-soi » est une idée centrale qui s’était répandue de façon catastrophique à partir du monde de la médecine, infectant tout sur son passage. En musique, la notion organique de cette science s’est souvent posée avec Stereolab,Broadcast et la Space-Age Pop des années 60.
Après un premier album fort voluptueux (Choose Your Own Adventure), le groupe Anglais mais complètement International (ils sont Anglais ; Italiens ; Français ; Japonais …) adopte un point de vue dans l’hypnose et la recherche, mélange malin entre la Library-Music ; les sorties du label Finder Keepers et la Space-Age Pop d’un autre temps. L’utilisation des effets de l’Exotica music et l’Afro-Beat du final « Language Is A City (Let Me Out) » offre un panel ouvert sur la musique libre, vibrante, loin de tout maniérisme. Entre le début du LP en forme d’introduction au voyage qui arrivera et le langage de fin, les 45 minutes de « The Age Of Immunology » passe comme une lettre dans l’espace, dans l’immortalité.
« Ce n’est pas Bastard. Ce n’est pas Goblin. Ce n’est pas Wolf. Ce n’est pas Cherry Bomb. Ce n’est pas Flower Boy. C’est IGOR. Ne vous jetez pas dedans avec l’espoir d’écouter un album de rap. Ne vous jetez pas dedans avec l’espoir d’écouter un quelconque album. Juste, allez-y, jetez-vous dedans. »
C’est avec ces quelques mots que Tyler the Creator lançait vendredi dernier son 6 ème album Igor, sans promotion préalable ni single pour soutenir sa promotion. Et à la sortie des 40 min que propose cette galette on ne peut qu’approuver ce conseil avisé, qui, il faut bien l’avouer, devrait être un postulat de base pour aborder une oeuvre artistique, quelque elle soit.
Depuis la sortie de Flower Boy en 2017, Tyler the Creator semble avoir touché du doigt sa démarche artistique et les idées qui se dégageaient jusque là par à coup sur ses précédents efforts prennent ici tout leur sens. Ainsi pas de doute nous sommes bien dans un album de Tyler, toujours ponctué par des sonorités si particulières, des changements de rythmes brutaux et des productions méticuleusement déstructurées mais avec une cohérence qu’on ne lui connaissait pas jusqu’alors.
Musicalement Igor apparait ainsi comme l’évolution logique de ce qui fut entrepris il y a deux ans, proposant des morceaux à la structure beaucoup plus nette, voguant entre inspiration soul et R’n’B, avec toutefois une présence plus marquée de vagues et effets synthétiques conférant à l’album de légers accents synthpop. C’est ainsi que tout logiquement, Tyler délaisse de plus en plus son flow caverneux pour un chant clair, presque fragile parfois, sensible.
Sensible, Tyler l’est d’ailleurs plus que jamais sur cet album se livrant intimement et lourdement sur les affres de l’amour, ses oscillations, ses sursauts, et les questionnements existentiels qui en jaillissent. S’il n’a peut être pas la plume d’un Earl Sweatshirt ou d’un Franck Ocean, deux anciens membres d’Odd Future, crew qui les a révélé au début des années 2010, l’histoire qu’il nous raconte au long des 12 pistes qui composent Igor est troublante d’honnêteté et les images qu’elle projette assez bluffante.
Igor est peut être dépourvu de morceau clinquant comme pouvait en contenir Flower Boy mais c’est ici au total service de l’album, qui nous apte comme jamais dans la psyché effervescente de l’artiste qui, à l’aune de ses trente ans nous propose son album le plus abouti. Un album total comme le Hip-Hop moderne en propose peu.
À peine plus d’un an après la sortie de leur très remarqué premier album « On », les Hollando-Turcs d’Altin Gün reviennent avec Gece (nuit en Turc), album envoutant, chaleureux comme un couché de soleil en fin d’été, grisant comme les folles nuits qui les suivent parfois.
La création d’un second album est toujours une étape particulière (pardon pour ce poncif), tant les questionnements qui la précèdent sont nombreux. À la lumière de la cohérence de Gece mais également des l’évolutions qui le distingue de leur précédent effort, les membres du groupe ne semblent jamais s’être embarrassés de dilemme de ce type.
Toujours chapoté par Jasper Verhulst, bassiste de Jacco Gardner, les compositions d’Altin Gun sont toujours un subtil mélange des traditions de la musique turc des années 60/70, toujours très éprise d’influences psychédéliques mais délaissant quelque peu leurs racines rock au profit de mélodies au seuil de la funk et la disco avec notamment ici et là l’ajout de boites à rythme aux effets ravageurs.
Le son d’Altin Gün est ainsi assez unique aujourd’hui, intemporel, mariage parfait entre tradition et rythme moderne, se laissant même aller sur la fin à un parfait titre disco/italo qu’on devine allègrement retourner les foules dans nombre de leurs représentations.
L’âge d’or est par définition propre à la nostalgie, une utopie du passé, les Altin Gün sont bien réels et les nuits qu’ils nous promettent lumineuses.
L’abondante scène belge nous assène encore une fois d’un groupe qui ne peut laisser indifférent. La Jungle est de retour, et ils ne sont pas là pour enfiler des perles. Plutôt pour présents pour relier des mailles afin de vous faire une cotte qui vous sera nécessaire à l’écoute de cet album.
Voici près de trois ans que nous attendions le successeur de II, avec l’impatience de retrouver la formule qui réussi si bien au duo Montois: du math-rock avec de douces notes de noise teinté de krautrock disco.
L’album est introduit par le titre « You Say Amen, I Say Sword » annonciateur de la branlée qui vous attend. Les chamans attaquent dans le vif du sujet dès le deuxième titre « The Invisible Child » et toute une série de compositions totalement frénétiques. Mais heureusement, ces belges sont sympa et nous insèrent deux interludes sur l’album (« Lost In Tansition », In The Trance »): des moments de répit nécessaire tant l’enchainement est intense. Des riffs impétueux, des breaks salutaires, et de boucles rythmiques transcendantales. La transe rythme tout l’opus, de « And The Serf Caresses The Head of His Lord » à « The Boring Age », avec « The Knight The Doom » qui clôture ce 3ème album en apothéose. Un album définitivement conçu pour provoquer une descente d’organes.
Past//Middle Age//Future paraît chez Rockerill Records, A Tant Rêver Du Roi et Black Basset Records, avec une pochette réalisée par Gideon Chase. Une peinture qui pourrait être à l’image du groupe où malgré le côté tout doux de l’oreiller, il vaut mieux être bien équipé pour encaisser les attaques du groupe.
La Jungle réussit largement donc à combler nos attentes sur disques, mais l’espace où ils nous comblent irrésistiblement, c’est sur scène. Le groupe excelle dans ce domaine. Ce qui tombe bien puisque vous pourrez les retrouver le samedi 8 Juin 2019 à la Plaine de la Gloriette dans le cadre du festival Aucard de Tours!
3ème album du groupe Le Prince Harry, une sortie attendue pour ceux qui connaissent déjà la formation Belge, une découverte à faire d’urgence pour tout le reste du monde.
L’urgence, c’est ce qui caractérise le son du duo. Ils font du Synth-Punk, autrement dit, du post-punk synthétique. Le groupe use ses boîtes à rythmes, assomme ses synthés, et se saigne les doigts sur les guitares et ça va vite, très vite. Il le faut, parce que la fin est proche, et les liégeois de manière objective nous l’affirment dès le deuxième titre: All Is Lost.
C’est industriel, acide, violent, réaliste. Tout ce précite, un reflet du malaise ambiant, angoissant de ce début de deuxième millénaire. Pas le temps de niaiser, il faut régler ça vite et bien.
Faire ressortir un, deux ou trois titres de cet album serait lui manquer de respect tant tout est efficace.
Une sortie du label franco-belge Teenage Menopause mérite toujours une écoute attentive tant son catalogue est de qualité avec des groupes comme Go!Zilla, Catholic Spray, Jessica 93, JC Satan, Jack Of Heart ou encore Violence Conjugale. L’occasion de faire un bond en 2015 avec l’une des sorties du label, celle du split entre Duchess Says et Le Prince Harry et cet excellent titre:
La pochette de Be Your Own Enemy mérite aussi une attention particulière. C’est Elzo Durt s’en charge, graphiste maître du collage psychédélique, D.A du label Teenage Menopause, à qui l’on doit aussi approximativement les trois quarts des pochettes du label Born Bar record. Ici, On se croirait dans un cabinet de curiosité avec des faces d’anatomies disloquées, un côté rétro-futuriste avec la présence d’éléments bioniques. En parfaite avec adéquation avec la vision post-apocalyptique de l’homme que propose Le Prince Harry.
Cette année, ce sont les 20 Ans de Brain Damage. Et Martin Nathan ne se contente pas de souffler quelque bougies dans son coin, non, il nous offre un album de remix aux petits oignons !
Depuis 1999, le génie fou de Martin Nathan explore le monde sonore et nous partage ses expérimentations en sillonnant les routes de la planète. Brain Damage, avec une poignée d’autres, ont façonné ce à quoi ressemble aujourd’hui le dub. Et depuis 20 ans, il s’en est fait des amis, à qui il a ouvert au remix l’intégralité de sa collection.
Combat Dub 4 Revisited est le 4e opus opus de la série Combat Dub chez Jarring Effect, compilations réunissaient des tracks remixées par les acteurs de la scène dub mondiale du moment, commencé conjointement par Brain Damage et Fedayi Pacha.
Sur ce disque, on y trouve les noms de tous les acteurs du dub et de la culture sound system : Vibronics, Alpha Steppa, Stand High Patrol, Fedayi Pacha, Zenzile, ZionTrain, DubInvaders, OBF, DubAddict… et on se rappelle alors que le paysage du dub est riche d’une grande famille.
Sur les 14 titres que composent cet album, on navigue dans tous les styles du dub et on apprécie retrouver les voix que l’on connaît bien : Horace Andy, HarrisonStafford, SirJean, TenaStelin… Et chaque titre est un réel mélange entre la patte Brain Damage et l’artiste qui le remix.
Nos titres préférés :
– Youts Dub : 1er titre qui pose l’ambiance, extrait de l’excellent album Walk The Walk, revisité par les italiens Moa Anbessa, qui en font une magnifique version
– Fyah Dem extrait du même opus, remixé magistralement par un des pionniers du Dub Uk, Vibronics
– Pray fi di youths : remixé par les vétérans de Zion Train, qui ont fêté leur 30 ans il y a peu, du roots à la basse bien énervée, également issu de Walk the Walk (décidemment!)
– Royal Salute : un chant guerrier, hommage de Sir Jean aux Rubadub Soldiers, repris efficacement par Culture Dub Sound.
– Shake Up : réinventé par Dub Invaders, un stepper aussi envahissant qu’une armée d’aliens survoltés hurlant « Violence everywhere » (un titre qu’on retrouvait sur High Damage, le projet commun d’High Tone et Brain Damage).
Du Dub rien que du Dub, Roots, Digital, Steppa, Ethno ou Electro, puissant du début à la fin…
From Bogotá to New-York, from London to Guadalajara, from Kingston to St Etienne …
Il existe de rares groupes qui vous saisissent, vous happent, jusqu’à vous emmener au plus profond de ce que vous pouvez être. The Psychotic Monks en est certainement l’un des exemples les plus probants.
Le quatuor fait paraître ce vendredi 29 Mars son deuxième album Private Meaning First. Telle la Bande Originale d’un monde où tout va à vau-l’eau, nous faisons face à 9 titres repartis en 2 chapitres et un épilogue. Les quatre parisiens nous englobe dans une douceur apaisante pour mieux nous confronter à une désillusion contemporaine. Une dualité entre pulsion vie et pulsion de mort. A travers une énergie jouissive, progressive, envoutante voire chamanique, cet album est un véritable exutoire nous permettant d’appréhender de manière plus paisible le monde qui nous entoure.
Nous pourrions évoquer diverses étiquettes musicales pour définir le style des Psychotic Monks , tels que Post-Rock, Post-Punk, Noise, Garage encore Stoner tant tous ces styles s’entremêlent dans les structures de leurs morceaux. Ce qui les caractérise le mieux est peut-être « Musique contemplative nihiliste »
Private Meaning First paraît chez Vicious Circle, une très belle signature pour le label Bordelais qui ne cesse de nourrir son catalogue de très belle sélection artistique. L’on y retrouve entre autres Lysistrata, It It Anita, Mansfiel.TYA, Troy Von Balthazar, etc… Un label que nous vous conseillerons vivement de suivre par cette occasion.